Bénin : la divinité vodun Zangbéto pour préserver la biodiversité

Entre les racines entremêlées du lac Ahémé, la mangrove se bat pour sa survie. En réponse à la pression humaine, un front inédit se met en place, celui de la loi et des esprits. A Dado, une localité de la commune de Bopa, dans le département du Mono, le Zangbéto, masque sacré du culte vodun, est désormais le gardien officiel de plus de 30 hectares de palétuviers. Un rituel de sacralisation, hautement symbolique, vient d’ériger ces écosystèmes en sanctuaires intouchables.

En réponse à l’érosion écologique, l’État béninois a pris une mesure significative : la création de l’Aire Communautaire de Conservation de la Biodiversité (ACCB) du Lac Ahémé, officialisée par arrêté en 2023. Cette démarche a été renforcée par une interdiction préfectorale, en vigueur depuis le 30 juin 2023 dans le département du Mono, qui interdit l’exploitation des mangroves. Mais les textes seuls ne suffisent plus. Alors, les communautés ont convoqué un allié ancestral, le Zangbéto. Ce masque sacré du panthéon vodun, gardien de la nuit et régulateur de l’ordre, s’est officiellement installé, le samedi 24 mai 2025, dans la mangrove du lac Ahémé à Dado, une localité de la commune de Bopa. Plus de 30 hectares de palétuviers sont désormais sanctuarisés et placés sous la protection spirituelle des ancêtres. Cette cérémonie solennelle unit les préoccupations écologiques et la dimension sacrée.

“Quand le Zangbéto rentre en jeu pour la protection, c’est une sensibilisation. La communauté croit toujours en Zangbéto, même ceux qui ont embrassé d’autres religions le respectent. C’est un instinct de survie. Personne n’ira contre les prescriptions ou les interdits.”

ISIDORE DJINOU, Pêcheur à DadoBénin

Le lac Ahémé, qui est à la fois la deuxième plus grande étendue d’eau du pays et un important foyer de biodiversité, constitue également un espace de vie, de culte et de transmission, riche de sa faune, de sa flore et de ses récits mythiques. De nombreux experts soulignent que le respect des prescriptions divines par les communautés locales favorise la restauration de la nature et améliore leur bien-être.

“Nous savons que les lois seules ne suffisent pas. Il faut conjuguer les savoirs. Quand les communautés respectent les prescriptions des divinités, la nature reprend ses droits et leur bien-être aussi.”

Moïse Koumassa, Chargé de projet Eco-BéninBénin

En sacralisant la mangrove, Dado offre une perspective nouvelle sur la conservation, celle d’un pacte entre mémoire vivante et avenir durable. La cérémonie s’est achevée par une démonstration de force et de mystère. Les Zangbéto ont performé sur la rive et jusque sur les flots, comme pour sceller ce mariage entre l’esprit et la matière, entre les ancêtres et les palétuviers.

Agenda

Bouton retour en haut de la page
logo Africa24tv

CONTACTEZ NOUS

xxxxxxx@yyy.com