Relever le défi de l’éducation pour tous, c’est une volonté manifeste des autorités camerounaises. Mais sur le terrain, les encadreurs et autres enseignants doivent faire avec les moyens de bord parfois sans matériel didactique face à des apprenants sous accompagnés. Ce qui a pour conséquence d’empêcher l’atteinte de leurs objectifs. Pour faire face à cette situation, des associations et acteurs privés s’impliquent aux côtés des écoles spécialisées; comme nous allons le voir dans ce reportage mené par Séverin Ndoukeu à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun.
Jeannette et ses élèves répètent l’exécution de l’hymne national, en langue des signes, en chant ou flûte. En deux semaines seulement, après la rentrée scolaire, la quinquagénaire a déjà réussi à enseigner cet exercice qu’ils vont reprendre lors de l’ouverture de la cérémonie solennelle de rentrée scolaire ce même jour à Promhandicam, une école maternelle et primaire inclusive. Pourtant, parvenir à ce résultat n’est pas tâche aisée pour l’enseignante spécialisée dans un contexte d’insuffisance de matériel didactique surtout chez des apprenants parfois abandonnés à eux-mêmes.
“Pour les difficultés, c’est surtout au niveau des enfants même, en plus du matériel didactique. Parce que la majorité des enfants rencontrent souvent beaucoup de difficultés notamment familiales avant même d’arriver à l’école; parfois ils sont rejetés, parfois ils sont abandonnés, et quand ils arrivent ici, on essaie de voir comment on va les encadrer.”
Jeannette Mafokou, Enseignante spécialisée – Cameroun
Comme Jeannette, les enseignants de cette école inclusive font face à des conditions d’éducation difficiles dont le principal handicap est l’absence de matériel didactique; matériel dont l’acquisition a un coût considérable. Mais pour l’année académique 2024-2025, grâce à un don de la fondation ASAF Cameroun constitué de 50 bourses scolaires et autres kits didactiques, évalué à 25 millions de FCFA, les apprenants pourront bénéficier d’un meilleur encadrement scolaire.
“Les dons d’aujourd’hui viennent à bon port parce que cette rentrée, il y avait des élèves qui n’avaient même pas pu payer la scolarité en plus du matériel insuffisant dans les salles de classe. Pour bien commencer l’année scolaire, il est nécessaire que chaque enfant soit équipé pour faciliter l’enseignement. A l’heure de la confrontation ou du devoir de maison et que l’enfant n’a pas de livre par exemple, ça bloque.”
Jeannette Mafokou, Enseignante spécialisée – Cameroun
“Ces enfants, en plus d’être handicapés, vivent dans des conditions sociales assez démunis. C’est pourquoi le fondateur de ASAF Cameroun Eran Moas a voulu que non seulement on fasse bouclier face à leur handicap mais aussi à leurs contraintes sociales qui leur empêchaient d’avoir une éducation digne”
Kimberley Ntsimi, Directrice exécutive de la fondation ASAF Cameroun
En 2022, 360 écoles primaires publiques au Cameroun ont été transformées en écoles inclusives pour relever le défi de l’atteinte des objectifs de développement durable, notamment l’objectif numéro 5, même si toutes les commodités ne sont pas encore prises pour leur bon fonctionnement. En plus, si les enseignants camerounais sont dans l’ensemble favorables à l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap, nombre d’entre eux peinent à mettre en œuvre les adaptations pédagogiques et didactiques nécessaires pour répondre aux besoins des apprenants.