Centrafrique : le lavage de voitures, un job contre le chômage

À Bangui, des milliers de jeunes se sont tournés vers le lavage de voitures pour échapper au chômage et à la précarité. Une activité non déclarée, mais essentielle pour survivre dans un pays où plus de 40% des jeunes sont sans emploi. En dépit de son rôle vital, ce secteur échappe totalement aux régulations fiscales et légales.

À Bangui, devant le stade, des dizaines de jeunes se sont improvisés laveurs de véhicules. Une activité informelle mais essentielle dans un pays où plus de 40% des jeunes sont au chômage. Pour ces travailleurs, le lavage de voitures n’est pas un simple job, mais une véritable bouée de sauvetage. Face à la précarité, ce métier leur permet de subvenir à leurs besoins et de soutenir leurs familles, dans un contexte où les opportunités d’emploi stable sont rares.

J’ai des charges et des responsabilités. J’ai une maison que je loue, j’ai une femme et j’ai des enfants. Grâce à ce travail que je fais, je prends soin de ma petite famille. Quand les clients viennent, selon le véhicule, le tarif diffère. On n’impose pas de facture au client, souvent c’est 1000 voire 1500. C’est grâce à cela que nous arrivons à vivre dans l’honnêteté et cela nous empêche de sombrer dans le vol ou le braquage. Nous avons décidé de faire ce travail afin de nous prendre en charge.

Dalimbi Herman, Jeune laveur automobile au stade 20.000 places Centrafrique

Mais derrière ces petites activités de survie se cache une réalité plus complexe : un secteur informel qui échappe complètement au contrôle fiscal et légal. Avec plus de 80% des entreprises évoluant en dehors des circuits formels, ces jeunes laveurs de voitures se retrouvent sans aucune couverture sociale ni sécurité juridique. Leurs revenus, bien que vitaux, ne sont pas pris en compte dans l’économie officielle, et leurs efforts n’apparaissent dans aucune statistique.

Ils ne sont pas reconnus, ils ne sont pas enregistrés, ils ne payent pas de patente, ils ne payent pas les impôts. C’est un manque à gagner énorme pour l’État. Mais d’un autre côté, s’il n’y avait pas ce secteur informel, qu’est-ce que l’État allait faire ? Puisque l’État ne peut pas leur offrir du boulot, le boulot n’existe pas. Ils sont au chômage. Si ce n’était pas ce secteur informel, ils devraient se lancer dans le banditisme, dans la criminalité et ainsi de suite pour pouvoir survivre. Mais il faut dire que c’est le secteur informel qui vient à la rescousse de l’incapacité de l’État à offrir ces choses-là à ces jeunes.

Didace Sabone , Economiste et Entrepreneur Centrafrique

Loin d’être un cas isolé, cette situation touche une multitude d’autres métiers : vendeurs ambulants, mototaxis, artisans… Des milliers de foyers vivent grâce à ces activités, mais elles restent en dehors des régulations étatiques. Le secteur informel, s’il joue un rôle crucial de régulation sociale, représente aussi un manque à gagner fiscal pour l’État. Un paradoxe économique majeur qui pose la question d’une nécessaire révision des politiques publiques en République centrafricaine.

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