En Centrafrique, l’importation de produits est un défi quotidien : coûts élevés, délais interminables et formalités complexes. Chaque marchandise traverse un véritable parcours du combattant.
En 2022, la République centrafricaine a importé pour près de 500 millions de dollars de marchandises. Une dépendance massive, aggravée par une réalité géographique implacable : le pays est enclavé, sans accès à la mer. Conséquence directe : selon les données officielles, près de 80 % des importations transitent par le port de Douala, au Cameroun, avant de parcourir 1 450 kilomètres de routes souvent dégradées pour atteindre Bangui. Un itinéraire complexe, coûteux, qui pèse lourdement sur une balance commerciale déjà structurellement déficitaire.
“J’essaye de cibler là où c’est moins cher pour acheter, car chez nous il n’y a pas d’ouverture sur la mer. La vie déjà ici elle est tellement chère et c’est pas facile quoi tu vois, il y à juste des marges qu’on essaie de mettre et le temps qu’on essaye d’évacuer pour récupérer notre bénéfice quoi notre capital en gros donc on essaye de vendre à un prix pour que sa part vite pour vite gagner et envoyer l’argent aux fournisseurs. ”
Warren Serech, Vendeur de sneakers à Bangui – Centrafrique
Face à ces contraintes, les commerçants centrafricains n’ont que deux options : le transport maritime, lent, avec parfois jusqu’à quatre mois d’attente, ou le fret aérien, plus rapide mais extrêmement onéreux. Chaque choix logistique devient un calcul stratégique, où le moindre retard ou surcoût peut mettre en péril la rentabilité — voire la survie — des petites entreprises locales.
“Généralement, j’achète des ordinateurs. Pour envoyer l’argent en Chine, c’est très difficile. Le problème, c’est avec les transitaires, qui augmentent les délais de livraison, et aussi le prix des kilos, qui coûte cher dans certains cas, et la douane sur certains appareils, qui coûte cher aussi. Maintenant, le côté avoir un visa pour voyager, c’est pas facile du tout. ”
Junior Ouamale, Entrepreneur en informatique – Centrafrique
À cela s’ajoutent des droits de douane pouvant atteindre 30 %, auxquels viennent se greffer diverses taxes et charges administratives. Pourtant, dans cet environnement économique incertain, les entrepreneurs centrafricains font preuve d’une résilience admirable. Derrière chaque cargaison livrée, chaque conteneur déchargé, se cache un défi relevé. Une preuve, aussi, de leur détermination à faire vivre le commerce et à bâtir, malgré les obstacles, les fondations d’une croissance plus souveraine.



