En Côte d’Ivoire, joueuses et arbitres de football affrontent chaque jour le poids des stéréotypes et des injonctions sociales. Entre ambition sportive, devoirs familiaux et exigences professionnelles, elles tracent leur chemin avec détermination dans un univers encore largement masculin.La CAN féminine 2025, sert de vitrine pour mettre en lumière leur talent, mais aussi les défis persistants auxquels elles font face : invisibilisation, pression familiale, manque de moyens.
Sur les pelouses de la CAN féminine 2025, elles sont nombreuses les footballeuses pour qui la pratique sport n’est point un obstacle à leur vie sociale. Le cas de l’internationale sénégalaise Ndèye Awa Diakhaté, joueuse et épouse qui concilie les deux sans perdre son épanouissement. Elle compte parmi les femmes qui affrontent le double combat : se faire une place sur le terrain et répondre aux injonctions sociales hors du terrain. En Côte d’Ivoire, où la société reste encore très marquée par les stéréotypes de genre, les joueuses et arbitres féminines mènent une lutte quotidienne pour concilier passion sportive, pression familiale et vie professionnelle.
Au début, c’était très difficile. Certains présidents de club refusaient catégoriquement la présence de femmes arbitres lors des matchs. Il y en avait même qui évoquaient des croyances liées aux menstruations : selon eux, si une femme ‘indisposée’ touchait un joueur, cela pouvait compromettre leur rituel ou annuler l’effet de leurs traitements. Mais petit à petit, les mentalités ont évolué. Aujourd’hui, ces mêmes présidents nous acceptent et nous respectent sur le terrain.
SONIA KORE , Arbitre
La CAN féminine 2025 met en lumière les défis du football féminin africain tout en lui offrant une plateforme de choix. Elle révèle la difficulté pour les joueuses et les arbitres, dont certaines sont mariées ou mères, de concilier carrière sportive et vie de famille, soulignant l’importance de la persévérance et de la résilience.
Ça n’a pas été facile avec ma maman. Chaque fois que je partais arbitrer un match, elle devait supporter des remarques blessantes. Des gens venaient lui dire : “On a vu ta fille en train d’arbitrer, ce n’est pas une place pour une femme.” Elle en souffrait. Sur le terrain, ce n’était pas mieux. Il m’est arrivé de tendre la main à un joueur pour le saluer, et qu’il refuse juste parce que je suis une femme. Mais malgré tout, j’ai tenu bon. Aujourd’hui, j’arrive à concilier ma vie familiale et ma carrière sportive. Sur le terrain, je suis une autre personne : concentrée, autoritaire, respectée. Et à la maison, je redeviens la femme et la fille que je dois être. J’ai trouvé mon équilibre.
SONIA KORE , Arbitre
Concilier sport et vie sociale est un défi, mais l’espoir naît. En Côte d’ivoire depuis 2022, la Fédération Ivoirienne de Football a structuré un championnat féminin amorçant un lent changement. Ces sportives naviguent entre ambition sportive et attentes traditionnelles. Les soutenir, c’est permettre au talent féminin de s’épanouir sans contraintes.(