À quelques mois d’un scrutin présidentiel décisif, l’opposition ivoirienne a pris une décision retentissante : le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam ont suspendu leur participation à la Commission électorale indépendante. Cette rupture marque un tournant majeur, nourrie par de vives accusations de manipulation électorale. Le 11 avril 2025, le processus démocratique en Côte d’Ivoire a officiellement basculé dans une zone de fortes turbulences.
Climat politique considérablement tendu à six mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Les deux principales forces de l’opposition, le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam, ont suspendu le 11 avril 2025 leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI). Ils dénoncent une institution partiale et discréditée, incapable selon eux d’organiser un scrutin juste et transparent. Parmi les griefs : une liste électorale entachée d’irrégularités, incluant des électeurs fictifs ou décédés. Face à ce qu’ils considèrent comme une dérive du processus démocratique, ils appellent à l’ouverture urgente d’un dialogue politique sincère et inclusif
“Nous sommes à une période cruciale, à six mois de l’élection présidentielle, mais la Commission électorale indépendante (CEI) semble défaillante. Elle boîte au lieu de marcher, et il est impossible d’accepter une telle situation. Nous irons aux élections, mais tant que la CEI sera boiteuse, il faudra la combattre jusqu’à ce que ses défaillances soient corrigées et qu’elle soit remise sur pied. “
LAURENT GBAGBO, Ex-président de la République – Côte d’Ivoire
La CEI est vivement critiquée par l’opposition, qui l’accuse de partialité et de servir les intérêts du pouvoir. Laurent Gbagbo, toujours inéligible, dénonce une exclusion politique orchestrée. Du côté du PDCI, Tidjane Thiam fait face à des contestations sur sa nationalité, malgré sa renonciation à la nationalité française. Il reste néanmoins favori pour être désigné candidat unique lors de la convention du 16 avril.
“ L’analyse réalisée par le PDCI-RDA et ses alliés sur la liste électorale provisoire du 17 mars 2025 révèle, sans surprise, plusieurs irrégularités inacceptables, dont certaines particulièrement préoccupantes. Face au refus systématique d’engager un dialogue politique pour améliorer un système largement décrié à l’exception notable du parti au pouvoir qui en tire avantage, le PDCI-RDA demande à son représentant de suspendre immédiatement sa participation aux travaux de la CEI centrale, jusqu’à nouvel ordre. Cette instruction ferme s’applique également à l’ensemble de ses représentants impliqués dans les structures locales de la CEI.”
BRÉDOUMY SOUMÏLA, Porte-parole du PDCI-RDA – Côte d’Ivoire
À l’approche de la présidentielle du 25 octobre, le flou persiste autour d’une possible candidature d’Alassane Ouattara, alimentant les spéculations. Face à une CEI contestée et des opposants affaiblis, le processus électoral suscite une profonde crise de confiance. Selon les experts, un dialogue politique urgent s’impose pour éviter une nouvelle impasse démocratique.