En Côte d’Ivoire, Mamadou Traoré et Kando Soumahoro, deux cadres de la formation politique Générations et Peuples Solidaires (GPS) de l’ex-premier ministre en exil Soro Guillaume, ont été condamnés à des peines de prison ferme et de privation de droits civique en août 2024. Ces condamnations des deux cadres du GPS, mouvement dissous en 2021, interviennent à quelques mois de l’élection présidentielle de 2025 dans le pays d’Afrique de l’ouest.
En Côte d’Ivoire, Mamadou Traoré et Kando Soumahoro, deux proches de Guillaume Soro, ex-premier ministre en exil, ont été condamnés en août 2024 à des peines de deux ans de prison ferme et à cinq ans de privation de leurs droits civiques. En effet, Mamadou Traoré a été interpellé le 8 août, après avoir critiqué sur les réseaux sociaux le matériel militaire utilisé lors du défilé de l’indépendance le 7 août. Il a été condamné pour « incitation à la haine », « diffusion de fausses nouvelles » et de « trouble à l’ordre public ».
“Aujourd’hui, l’opposition veut aller en rang serré à la présidentielle de 2025. Or, le Rhdp et le GPS ont la même base traditionnelle, le pouvoir en place ne veut pas prendre le risque de laisser GPS créer rébellion au sein de son bastion électoral. Donc, l’objectif de cette condamnation, c’est d’envoyer un signal clair à Guillaume Soro et à ses partisans, comme pour dire Calmez vous, c’est nous qui maitrisons la situation et nous ne vous laisserons en aucun cas créer la discorde et la division dans notre bastion.”
CHRISTIAN KOSSONOU, Journaliste – Côte d’Ivoire
Quelques jours plus tard, le 13 août, Kando Soumahoro a été arrêté pour avoir participé à une réunion de l’opposition et signé une déclaration commune au nom de la formation politique Génération et peuples solidaires (GPS) dissoute en 2021 par la justice ivoirienne. Accusé de « maintien illégal d’un parti politique » et de « trouble à l’ordre public », il a été condamné le 21 août à trente-six mois de prison, dont deux ans ferme, ainsi qu’à cinq ans de privation de ses droits civiques. Selon des analystes, ces condamnations prononcées contre les proches de Guillaume Soro, qui interviennent à quelques mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, pourraient alimenter des inquiétudes dans le pays.
“ Dans nos pays un peu autocratiques, le trouble à l’ordre public est une parade politique, pour museler l’opposition politique et les condamnations des Kando Soumahoro et Mamadou Traoré s’inscrit dans cette logique. On peut donc dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, par contre, ce que j’ai craint, c’est la réaction de Guillaume Soro, justement nous sommes en politique et il est obligé de réagir. Et cette réaction risque de détériorer encore plus le calme précaire dans lequel nous baignons, qui n’augure rien de bon pour la Côte d’Ivoire en 2025.”
CHRISTIAN KOSSONOU, Journaliste – Côte d’Ivoire
Ces condamnations ont également suscité des réactions au sein de partis d’opposition notamment, le PDCI-RDA a apporté son soutien au respect des droits individuels de Soumahoro Kando et souligne par ailleurs ne pas être en alliance avec le GPS. Le PPA-CI de Laurent Gbagbo dénonce également des « atteintes graves à la liberté d’opinion et d’expression. Pour rappel, le président Ouattara, depuis la crise postélectorale de 2011 a initié une politique de réconciliation en favorisant le retour d’anciens leaders politiques, dont l’ex-président Laurent Gbagbo. En mars dernier, plusieurs proches de Guillaume Soro, notamment Souleymane Kamaraté, Affoussiata Bamba-Lamine bénéficiaient aux côtés d’une cinquantaine de prisonniers civils et militaires, d’une grâce présidentielle. Guillaume Soro quant à lui, en exil depuis fin 2019 reste sous le coup d’une condamnation à la prison à vie pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».