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Décryptage : Allan Kilavuka, directeur général de Kenya Airways

A l’horizon 2030, l’Afrique vise la libéralisation de son marché de l’aviation civile, un projet ralenti par la crise sanitaire de covid-19. Cependant, pendant la période post-pandémique, le flux des passagers des compagnies aériennes aériennes devrait repartir à la hausse pour atteindre 303 millions de passagers par an. Des perspectives positives pour la Zone de libre échange continentale, selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. Pour nous édifier sur le rôle de l’aviation civile dans le déploiement de l’intégration économique africaine, nous recevons dans cette édition de décryptage, Monsieur Allan Kilavuka, directeur général de Kenya Airways.

Monsieur Allan KILAVUKA, bienvenu sur Africa 24.

1- Le secteur aéronautique a été l’un des plus durement touché par la pandémie de covid-19 en Afrique. Ce secteur a entamé son processus de relance dès 2021. En 2022, quelles sont les perspectives de croissance de l’aéronautique sur le continent?

Nous avons l’assurance absolue que la relance en 2022 est possible. Nous en sommes très fiers. Nous projetons en 2022 une hausse de 20% des revenus du secteur comparé à 2021. Mais comparé au reste du monde où elle va s’établir à environ 35%  selon l’IATA, l’Afrique sera légèrement en retard. Cependant, nous pensons qu’en 2023-2024 l’Afrique va rattraper ce retard. Et nous allons retrouver notre courbe de croissance, au niveau où elle se situait auparavant, c’est-à-dire, l’industrie aéronautique à la croissance la plus rapide au monde. 

2-  Le nombre de passagers des compagnies de transport aérien devrait atteindre 303 millions de personnes durant la période post-pandémique. Les compagnies aériennes africaines ont-elles la logistique nécessaire pour gérer ce flux de passagers quatre fois supérieur à celui enregistré avant la pandémie de covid-19?

Je réponds simplement oui, le secteur africain et ses acteurs sont capables de gérer cette hausse du nombre de passagers. En fait, la difficulté que nous avons en Afrique tient de ce qu’on a appelé la fragmentation de l’espace aérien africain. En d’autres termes, il y a trop d’acteurs dans un marché de petite taille. Nous recommandons à nos concurrents d’évoluer vers la consolidation pour que nous puissions satisfaire ce marché dont la croissance pourrait être multiplié par quatre, et aussi pour que nous puissions davantage soutenir la Zone de libre échange continentale africaine (Zlécaf). Kenya Airways, en collaboration avec South African Airways nous défendons l’idée d’un groupe aérien panafricain que nous espérons mettre sur pied d’ici 2023 afin de consolider davantage notre espace pour une meilleure croissance en Afrique.

3- Selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, le transport en général et le transport aérien en particulier ont un rôle-clé à jouer dans la Zone de libre-échange continentale africaine. Comment vous, directeur de Kenya Airways, prévoyez-vous de contribuer à ce méga projet continental?

Nous desservons 35 pays et nous nous assurons que nos services répondent à la demande dans ces pays. Nous travaillons aux côtés des gouvernements non seulement pour continuer de couvrir ces lignes, mais aussi pour conquérir celles qui sont en demande. Nous étendons notre service de cargo pour accroître le transport de marchandises et le commerce à travers l’Afrique. Nous avons augmenté la connectivité entre les villes. Nous pensons que c’est important parce que nous ne rendons pas seulement plus fluides les déplacements des personnes, nous développons également les économies de ces pays. Nous avons relevé que l’aviation en général et le transport aérien en particulier  contribuent à environ 3% au Produit intérieur brut des pays, bien avant le lancement de la Zlécaf.

4- Pour une transformation plus rapide du secteur aéronautique, des experts invitent à miser sur le numérique. Quel peut être de manière concrète l’impact de la transformation numérique de l’aviation civile en Afrique? 

Je crois que la transformation numérique est essentielle pour un certain nombre de raisons. Globalement, lorsqu’elle est efficacement implémentée, la transformation digitale réduit les coûts des opérations. Le coût de la distribution spécifiquement, qui représente une charge majeure dans l’aviation. Donc en réduisant les coûts, la possibilité est donnée aux personnes de voyager davantage. L’autre avantage important de la digitalisation est qu’elle augmente la flexibilité dans les options offertes aux clients ou aux passagers. Cela permet que les passagers interagissent de plus en plus avec les acteurs du secteur de l’aviation dans l’optique d’augmenter leur capacité à se déplacer grâce notamment à la personnalisation des produits, à l’accès à des produits innovants qui offrent des retours clients satisfaisants. Cela permet aux clients de réserver, confirmer et échanger leurs tickets et leurs exigences de vol. Ils peuvent également découvrir les perspectives de l’aviation civile. Ainsi, les compagnies aériennes deviennent davantage innovantes dans l’exécution de leurs modèles économiques.

5- L’Afrique vise la création d’un marché unique de l’aviation civile à l’horizon 2030, en respect des Objectifs de développement durable fixés par l’Union africaine. Seulement, un obstacle majeur demeure, celui des sentiments nationalistes qui président à la création des compagnies aériennes. Comment surmonter cet obstacle afin d’atteindre le but visé?

Il y a un dicton qui dit: “rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu”. Je crois que l’heure  de consolider l’aviation en Afrique est arrivée et il sera impossible de l’arrêter. Alors si nous ne sommes pas prêts, nous allons devenir inutiles car nous avons un marché trop fragmenté pour être efficace pour satisfaire les besoins du peuple africain. Nous proposons un groupe panafricain qui sera à mesure de couvrir le ciel africain et de servir efficacement les populations. En même temps, nous pourrions aider les pays à développer leurs économies comme il se devrait. Si nous ne le faisons pas, nous aurons toujours partout, ces petites compagnies aériennes, accomplissant leurs missions de petite envergure sans réellement mettre à jour leurs actions qui doivent s’inscrire dans la vision de l’Agenda 2063 de l’Afrique qui vise la création d’un marché unique de l’aviation civile qui pourrait être le plus grand du monde. C’est ce qui s’est passé en Europe et en Amérique. Je pense donc que nous devons décider en tant qu’Africains si nous voulons le développement grâce à la consolidation des compagnies aériennes, ou si nous voulons continuer de nous débattre. C’est l’opportunité qui est donnée de nous accomplir.

6- 20 pays africains n’ont pas encore adhéré au projet du marché unique de l’aviation en Afrique. Quelle stratégie pensez-vous qu’il faut mettre en œuvre pour les convaincre du bien-fondé de cette initiative?

Le problème que nous avons actuellement est qu’il y a trop de pays avec lesquels il faut négocier et il faut convaincre chacun d’eux. Si nous prenons la Communauté d’Afrique de l’Est qui compte six Etats membres, y instaurons un mécanisme au niveau local et le reproduisons en Afrique de l’Ouest, en Afrique Centrale,… nous allons éventuellement nous renforcer. Je pense que ce sera plus facile à faire. C’est en raison de l’immensité de la tâche, que nous trouvons que l’Union Africaine prend autant de temps à le réaliser. A mon avis, il faudrait commencer à petite échelle, au niveau des divers blocs économiques avant de le porter à l’échelle de l’Afrique.

Merci d’avoir répondu aux questions d’Africa24

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