Notre invité de cette édition de décryptage est Monsieur Robert Kigongo, Secrétaire général de la Coalition des jeunes ougandais pour les ODD, les Objectifs de développement durable. Il s’exprime sur la contribution des PME dans la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies.
1- Vous êtes le secrétaire général de la Coalition ougandaise des ODD. Pouvez-vous nous dire ce que visent les ODD
Les ODD sont les objectifs de développement durable, les objectifs globaux des Nations Unies. Il y en a 17 et l’un d’entre eux a trait à l’éradication de la faim. En Ouganda, nous venons de publier le rapport sur l’indice de pauvreté qui montre que 18 millions d’Ougandais sont en dessous du seuil de pauvreté. Les ODD sont donc très liés aux PME. Nous sommes un centre ou une plateforme où les jeunes et les entrepreneurs se réunissent pour atteindre les objectifs des ODD des Nations unies. Quoi que les entrepreneurs fassent, je vais vous donner un exemple. Je suis un producteur de café et je fais partie de la chaîne de valeur du café. J’achète du café aux agriculteurs, je le transforme en grains de café, puis je le vends au prochain producteur de café que nous allons boire. Je contribue donc déjà aux ODD en me libérant de la pauvreté et en atteignant le deuxième objectif des ODD, à savoir la faim zéro, et j’atteins également l’ODD 3, à savoir la santé et la prospérité, car vous savez que lorsque vous buvez du café, vous êtes en bonne santé. Nous avons donc lancé une initiative appelée « 1 million de solutions ODD », dans le cadre de laquelle des jeunes se réunissent pour proposer des idées aux PME, pour atteindre les objectifs mondiaux et l’Afrique que nous voulons. Nous les soutenons donc avec des fonds d’amorçage. Nous les soutenons également en les mettant en relation avec des partenaires financiers afin qu’ils puissent développer leurs entreprises. Une partie de leurs défis est le financement, car plusieurs parmi eux créent des entreprises qui meurent en l’espace d’un an. Nous leur offrons donc un espace où nous pouvons les soutenir.
2- L’Africa SME Champions Forum était de retour après deux ans et la 6ème édition a eu lieu à Kampala en Ouganda. Que représente l’organisation de cet événement pour votre pays ?
Premièrement, il s’agit d’une plateforme permettant aux jeunes de venir et de participer. Quand je parle de participation, je fais référence à une participation significative des jeunes. C’est l’occasion de créer des réseaux. C’est une plateforme où ils peuvent rencontrer des institutions financières et d’autres entrepreneurs qui ont des idées et des innovations similaires aux leurs. C’est aussi une plateforme pour partager des connaissances. Par exemple, lorsque je suis arrivé ici, j’ignorais beaucoup de choses sur le financement. Nous avons de nombreux jeunes dont les entreprises se sont effondrées et qui ne se sont pas relevés.
3 – Quels sont certains des défis auxquels sont confrontés les jeunes entrepreneurs ougandais ?
L’un des défis est que leurs idées sont mort-nées. Beaucoup d’entre eux ont des idées merveilleuses, mais ils n’ont pas de fonds d’amorçage, de capital. Un jeune ouvre une entreprise seul et la première chose qu’il veut faire est de payer des impôts sur une entreprise qui n’a même pas duré quelques mois. Elle n’a pas pris d’élan et essaie de faire face à ses frais de transport. Ce sont là quelques-uns des défis auxquels nous avons été confrontés. Nous voulons un environnement commercial où nos taxes ne sont pas trop élevées et où nous bénéficions d’un certain répit. Vous avez des investisseurs étrangers qui bénéficient d’avantages fiscaux. Pourquoi cela ne pourrait-il pas être offert aux entrepreneurs africains, y compris aux jeunes Ougandais qui essaient de créer une entreprise ? Le défi concerne la durabilité des entreprises. Plusieurs entreprises ont été créées et sont mort-nées dès la première année. C’est un autre grand défi.
4- Pourquoi la durabilité est-elle importante pour les petites et moyennes entreprises ?
Vous savez que toutes ces grandes entreprises, comme MTN ou Dangote, ont commencé à un bas niveau. La durabilité est donc un élément clé car c’est le seul moyen de réaliser les aspirations des ODD. C’est très important et ce dont nous avons besoin, c’est d’un environnement propice à la durabilité. Les jeunes, où qu’ils soient, doivent être soutenus pour la durabilité.
5- En tant que jeune entrepreneur, comment pensez-vous que le gouvernement peut accompagner les jeunes PME et les jeunes entrepreneurs qui ont apporté de nombreuses innovations et contribué à la lutte contre le changement climatique ?
Vous avez parlé du changement climatique et nous nous dirigeons vers la COP 27 qui se déroule en Egypte, en Afrique. Le gouvernement peut fournir un financement climatique à ces jeunes entrepreneurs qui occupent des emplois verts. J’ai un collègue qui fabrique de l’énergie à partir de déchets, une sorte de charbon de bois que nous utilisons pour la cuisson. Cela relève exactement du financement climatique. Le gouvernement peut également fournir des fonds d’amorçage car les banques ont grandement déçu les PME. Nous n’avons pas les garanties demandées par les banques et ce que nous possédons, c’est notre savoir. Le gouvernement peut donc fournir ce financement d’amorçage à ces jeunes entrepreneurs.