A Djibouti, 25 ans après l’accession au pouvoir de son Président Ismaël Omar Guelleh, de nombreux citoyens dénoncent avec détermination une situation très alarmante, des privations des droits humains et la répression du régime à l’encontre des défenseurs des droits humains, des journalistes et des membres de l’opposition. Conséquence, les élections législatives du 24 février 2023 se sont tenues sans la participation de l’opposition dans une totale indifférence et dans un contexte économique qui se détériore ? En effet selon le bulletin économique de situation de la banque mondiale pour Djibouti, l’activité économique a ralenti
L’omerta sur la violation des droits humains et la privation des libertés à Djibouti a trop duré. Tel est le cri d’alarme que de nombreuses organisations de la société civile et des partis politiques de l’opposition de Djibouti ne cessent de clamer contre le pouvoir de Omar Guelleh. Accusant le gouvernement de leur faire subir un harcèlement constant, répressif et sécuritaire en toute impunité, avec plus d’une centaine de cas flagrants déjà répertoriés en 2023, les citoyens de Djibouti ont décidé d’alerter toutes les organisations africaines y compris L’Union Africaine et la communauté internationale sur les dérives autoritaires et de plus en plus flagrantes dont ils sont les victimes au quotidien
Arrestations, violences commises par les forces de sécurité, détentions arbitraires, surveillance notoire. Le gouvernement cherche à faire perdurer un climat de terreur.
Me Zakaria Abdillahi, Ancien président de la Ligue djiboutienne des droits humains
« Les défenseur·des des droits humains vivent dans une situation préoccupante, Arrestations, violences commises par les forces de sécurité, détentions arbitraires, surveillance notoire… Le gouvernement cherche ainsi à faire perdurer un climat de terreur dans le pays, propice à la confiscation du pouvoir. Djibouti enferme ses citoyens. »
Malgré les démentis du Gouvernement cette réalité répressive selon les activistes se traduit dans le climat politique totalement détérioré par une absence de pluralité démocratique flagrante. Les élections législatives du 24 février 2023 se sont déroulées avec un boycott inédit des partis de l’opposition et une neutralisation de toutes les actions des membres de la société civile. Même les partenaires internationaux subissent des expulsions arbitraires du sol Djiboutien, à l’instar d’un chargé des programmes des droits humains victime d’une filature et d’un brutal refoulement au point d’écorner l’image du pays à l’international
Les partenaires internationaux de Djibouti ne peuvent plus nier la dégradation de la situation des droits humains et les violations à caractère politique à Djibouti. Il est temps que les instances internationales et régionales, notamment l’Union africaine, s’en saisissent pour la restauration de l’état de droit dans le pays.
Paul Nsapu, Vice-président de la FIDH–RD Congo
Un contexte renforcé par une situation économique délicate selon la Banque Mondiale qui tire la sonnette d’alarme dans son dernier rapport de situation sur Djibouti. L’activité économique de Djibouti a ralenti. La croissance du PIB réel a été estimée à 3,6 % pour l’ensemble de l’année 2022, contre 4,3 % en 2021. La pression budgétaire s’est amplifiée sous l’effet des mesures d’atténuation de l’impact de la guerre en Ukraine, de l’aggravation de la sécheresse qui affecte la production bovine, les pénuries périodiques d’importation de produits frais d’Éthiopie face à une demande éthiopienne atone, et de la forte hausse du service de la dette en 2022.
Pour faire face aux tensions de trésorerie induites par un service de la dette publique qui a plus que triplé en 2022, le Gouvernement de Djibouti a recouru, depuis le début de l’année 2023 à l’accumulation d’arriérés extérieurs qui ont atteint 3 % du PIB en juin 2022. L’impact sur le coût de la vie se fait ressentir. Ainsi l’indice général des prix a atteint 11,5 % en glissement annuel à la fin juin 2022. Au point de voir le solde du compte courant de la balance des paiements se détériorer en 2022.
Le régime s’est beaucoup rapproché de la Chine, à qui il a beaucoup emprunté.” Cet argent emprunté à la Chine, qui a porté le taux d’endettement public du pays jusqu’à 85% du PIB, ce qui est énorme, cet argent il faut le rembourser. Or le pouvoir en place ne semble pas en avoir les moyens, les projets qui ont été financés ne semblent pas générer assez d’argent pour le remboursement de ces dettes.
Fort d’un positionnement stratégique dans la corne de l’Afrique, avec un accès portuaire dont est totalement dépendant l’Ethiopie entièrement enclavé, Djibouti qui abrite des bases militaires de la France, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Allemagne des États- Unis, de la Chine et du Japon, perd selon plusieurs analyses, par son contexte politique interne, son attractivité et ses atouts pour la coopération internationale. Le glissement autoritaire du gouvernement, la répression du régime à l’encontre des défenseurs des droits humains, des journalistes et des membres de l’opposition des syndicats, des responsables de l’opposition irritent de plus en plus les partenaires internationaux et freinent ainsi plusieurs financements . Un défi de plus à relever pour Djibouti et son gouvernement.