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Ethiopie : un référendum pour déterminer le statut des zones contestées par le Tigré et Amhara

Des dizaines de milliers de personnes dans la région du Tigré auraient été chassées de leurs foyers par la milice d’Amhara ces derniers mois en raison d’un conflit foncier qui oppose, depuis plus de trois décennies, ces deux régions du nord de l’Éthiopie. Pour trouver une solution durable, le gouvernement éthiopien envisage d’organiser un référendum afin de déterminer le statut du territoire contesté.

Un différend territorial oppose, depuis plus de trente ans, les régions du Tigré et d’Amhara au nord de l’Éthiopie. Des dizaines de milliers de Tigréens auraient été chassés de leurs foyers par la milice d’Amhara ces derniers mois en raison de ce litige. Alors que ce conflit foncier a déjà fait plusieurs victimes et des milliers de déplacés, aggravant la situation humanitaire dans ces parties du pays, le gouvernement envisage la tenue d’un référendum pour déterminer le statut du territoire contesté. L’annonce y relative a été faite le 22 août 2023 par le ministre de la Défense, Abraham Belay, lors du festival annuel culturel de la féminité d’Ashenda au nord du pays.

“Dans les régions où une administration illégale a été créée, elle sera dissoute. Des efforts sont en cours pour ramener dans leurs foyers les personnes déplacées de l’ouest et du sud du Tigré. Toutes les questions concernant ces zones seraient traitées par le biais de mécanismes constitutionnels. Les administrations créées pendant la guerre seront remplacées par celles élues par le peuple. Aucune autre force armée ne sera autorisée à opérer dans l’ouest et le sud du Tigré, à l’exception des Forces de défense nationale éthiopiennes. Le statut des terres serait décidé par référendum lorsque notre peuple sera prêt, et sans aucune pression de qui que ce soit.”

Abraham Belay, Ministre de la DéfenseÉthiopie

Les responsables d’Amhara estiment que les zones contestées, y compris des terres agricoles fertiles, équivalant à environ un quart du Tigré, ont été conquises au cours des 30 années pendant lesquelles le Front populaire de libération du Tigré a dominé le gouvernement central. Le gouvernement éthiopien veut mettre fin à ce qu’il appelle une “administration illégale” dans la zone dirigée par les Amharas, qui se sont opposés à l’idée d’un référendum, la qualifiant de manière inappropriée de déterminer le statut d’un territoire sur lequel ils affirment avoir un droit historique clair.

“Le vote populaire semble être une alternative crédible pour pouvoir prévenir ce conflit d’ordre foncier. Mais la crainte majeure est que les Tigréens constituent quasiment une minorité en Éthiopie. Si nous allons à une décision référendaire, il est évident que les Amharas pourront alors remporter une victoire certaine qui sera très précaire et qui pourra basculer dans les prochaines décennies encore à des conflits armés entre les populations. Donc, nous estimons qu’il est important aujourd’hui pour les autorités fédérales d’Addis Abeba d’aborder, dans une approche consensuelle, des réformes importantes permettant de refonder la gouvernance foncière en Éthiopie, en améliorant les migrations de certaines populations dans certaines régions du pays.”    

Aboudramane Coulibaly, Analyste politiqueMali

Le différend territorial a alimenté des combats qui ont éclaté fin juillet 2023 entre l’armée éthiopienne et les milices locales d’Amhara et ont conduit le gouvernement à déclarer l’état d’urgence. Les autorités du Tigré, qui rejettent les revendications territoriales d’Amhara, ont demandé au gouvernement fédéral d’imposer le retrait des forces Amhara de ses territoires conformément à l’accord de cessation des hostilités de Pretoria de novembre 2022 qui stipule que le statut des terres contestées doit être résolu constitutionnellement.

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