Après cinq semaines de blocage sur les approvisionnements de médicaments au Niger, Le ministère nigérien de la Santé a signalé un épuisement prochain de ses stocks. Le pays dénonce les sanctions à son encontre par la CEDEAO en violation des traités de l’Organisation Mondiale du Commerce. Les autorités sanitaires indiquent qu’habituellement, le stock moyen de sécurité des produits pharmaceutiques au niveau des établissements nationaux nigériens est de deux mois mais le Niger dispose en ce moment d’à peine « un mois de stock de sécurité ».
Selon le secrétariat général du ministère nigérien de la Santé, aucune réception de produits pharmaceutiques n’a été enregistrée depuis le 28 juillet 2023, faisant passer le taux de rupture de médicaments vitaux à environ 25%. En effet le Niger subit actuellement une pénurie de médicaments suite aux sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Conséquence, la situation bloque les principaux circuits logistiques aux produits de santé à destination du pays.
“La rupture de ces médicaments peut entraîner beaucoup de conséquences dans le pays et notamment l’une qui n’est pas des moindres, surtout la rupture de certains tels que les antibiotiques, le traitement contre le diabète, les insulines et certains produits utilisés contre les pathologies cardiaques et les anticancéreux qui sont les pathologies responsables de l’état morbide d’une population. L’autre pathologie qu’il ne faudrait pas prendre à la légère c’est le fait que la majorité des grandes firmes pharmaceutiques ont fait de grosses commandes qu’elles attendent pour pouvoir les livrer dans le pays.”
Dr Vanessa KOUATCHOUANG, Epidémiologiste / Cameroun
Cela fait cinq semaines que la situation perdure, causant un épuisement des stocks de médicaments actuels. Selon les autorités sanitaires, la majorité des produits pharmaceutiques est acheminée au Niger via le port de Cotonou au Bénin mais le deuxième circuit d’acheminement via le port togolais de Lomé n’est que très rarement utilisé depuis le début de l’insécurité sur la route entre le Burkina Faso et le Niger.
“Imaginez ce stock est actuellement bloqué et ils ne peuvent pas livrer la population donc ça veut dire que ça fait des manquements financiers pour ces firmes et cela peut entraîner des conséquences au niveau du chômage, de l’emploi, le bien-être des patients et du personnel. La conséquence actuelle de ces ruptures aussi que faire en sorte que beaucoup de personnes malades dans ces pays vont vouloir voyager et on risque d’avoir des déplacements dans les autres pays aux environs et ces déplacements risquent d’être coûteux pour les ONG comme l’Organisation mondiale de la santé et tous ceux qui prennent à cœur la santé de la population.”
Dr Vanessa KOUATCHOUANG, Epidémiologiste / Cameroun
Rappelons qu’à fin juillet 2023, l’armée nigérienne a annoncé la destitution du Président Mohamed Bazoum remplacé par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ainsi que d’autres organisations ont condamné le coup d’État. L’organisation exige depuis lors, la restauration immédiate de l’ordre constitutionnel, la libération et la réinstallation du président déchu, dans ses fonctions.