Au Mali, le régime militaire vient de franchir un cap décisif. Le général Assimi Goïta s’est officiellement installé comme président de la République, sans élection, pour un mandat renouvelable à volonté. Une décision qui s’inscrit dans un processus de verrouillage institutionnel assumé, au nom de la stabilité.
Le jeudi 10 juillet 2025, le général Assimi Goïta a officiellement pris les rênes de la République du Mali, après la promulgation d’une loi par le Conseil national de Transition (CNT). Cette loi, adoptée à l’unanimité le 3 juillet 2025, confère au président un mandat de cinq ans, renouvelable indéfiniment sans recourir à une élection. Le texte précise que ce mandat pourrait durer jusqu’à ce que les conditions d’une élection « transparente et apaisée » soient réunies. Goïta, ainsi, s’installe fermement à la tête de l’État jusqu’au moins 2030, avec une légitimité juridique
Le pouvoir se maintient sans mandat électif, créant ainsi un vide démocratique qui affaiblit davantage l’État malien au lieu de le renforcer. Il faut bien comprendre qu’on ne peut pas lutter durablement contre l’instabilité avec des institutions elles-mêmes fragiles et instables.
KOUADIO EL MOUDJTABAR VINY, Analyste politique
Cette prolongation du mandat s’inscrit dans le cadre des recommandations des Forces vives de la nation, émises en avril 2025. Celles-ci appelaient à un alignement avec la Confédération AES, permettant au président de continuer à gouverner jusqu’à la stabilisation du pays. Les autorités maliennes justifient cette décision par la persistance de l’insécurité, rendant toute élection impossible. La junte affirme ainsi que la priorité est d’assurer la sécurité avant d’envisager un retour aux urnes.
La nouvelle Charte de la transition ouvre clairement la voie à la suppression de toute compétition démocratique. Nous sommes face à une transition confisquée, où la logique sécuritaire est instrumentalisée par les autorités maliennes pour verrouiller le jeu politique, au détriment de la reconstruction que le peuple malien attendait.
KOUADIO EL MOUDJTABAR VINY, Analyste politique
La révision de la Charte du Mali, validée par le CNT, consolide davantage le pouvoir militaire. Désormais, seuls les membres du gouvernement, du CNT et le président de transition pourront briguer des postes lors des futures élections. Cette réforme, bien qu’accompagnée de discours sur la transparence, installe un régime autoritaire, marquant un éloignement du Mali vers la démocratie. Un tournant majeur pour un pays en proie à des turbulences politiques et sécuritaires



