En Mauritanie, le secteur halieutique est menacé. Une pénurie de poisson se profile, entraînant une hausse de prix sur les marchés. Les professionnels du secteur pointent du doigt plusieurs facteurs, notamment le pillage de la ressource par les bateaux étrangers, et les mauvaises pratiques de pêche. Une situation qui fragilise l’économie et la sécurité alimentaire dans le pays.
Terre de pêche, la Mauritanie dispose d’eaux parmi les plus poissonneuses au monde, avec environ 1 million de poissons capturés par an. Pourtant, depuis plusieurs semaines, les prises sont bien maigres. Cette ressource halieutique se fait rare, une situation décriée par les pêcheurs artisanaux de Nouadhibou et de Nouakchott, centres névralgiques de la pêche mauritanienne.
C’est l’hivernage. C’est une période toujours très difficile, même pendant les années passées. Mais cette année, ça s’est accru, parce que durant les saisons passées, on a vu une forte diminution de la production de poisson (…) Ce problème ne date pas d’aujourd’hui. Depuis 2016, on voit une très nette régression de la production.
Abdel Kerim Gueye, Coopérative des filets tournants – Mauritanie
Outre l’hivernage, les mauvaises pratiques de pêche, ainsi que les tracasseries administratives qui pèsent sur les petits exploitants, ont contribué à la pénurie qui frappe le pays. Selon les professionnels du secteur, l’accord signé entre la Mauritanie et le Sénégal le 25 juillet, lui concédant 6% de cette ressource, est aussi à l’origine de la rareté du poisson. L’accord autorise les pêcheurs artisanaux sénégalais à avoir accès aux poissons à hauteur de 50 000 tonnes par an. Par ailleurs, les bateaux étrangers qui ne ravitaillent que les industries de farine de poisson, débarquent environ 98% de leurs prises dans la seule ville de Nouadhibou.
Ça fait à peu près trois ou quatre ans qu’on a un manque de poisson. Un manque qui est très dur. J’avais une pirogue en mer, elle a fait trois nuits en mer, même mon fret, elle n’a même pas pu retourner.
Jemal Ould maouloud, Marayeur – Mauritanie
Les autorités compétentes essaient de prendre des mesures pour résoudre le problème, mais elles ne semblent pas porter leurs fruits pour l’instant. Une menace pour l’économie et la sécurité alimentaire, les prix de certaines espèces ayant atteint 350 ouguiyas, avant de se stabiliser à nouveau.