Les enlèvements contre rançons sévissent au Nigeria et s’ajoutent à l’insécurité grandissante. Les forces de l’ordre mènent des enquêtes pour retrouver les étudiants, particulièrement des femmes, enlevés dans des résidences de l’université de Gusau le 22 septembre. Treize personnes ont déjà été retrouvées sur un nombre qui irait au-delà de 25. Depuis le début de l’année, des bandes criminelles ont multiplié les rapts dans des écoles. Les autorités estiment que près de 1 000 étudiants ont été enlevés en quelques mois.
Sept autres étudiants de l’Université fédérale de Gusau, dans l’État de Zamfara, ont été sauvés de leurs ravisseurs par la Force opérationnelle conjointe de l’opération Hadarin Daji, selon les médias locaux nigérians. Les agents avaient déjà sauvé six des étudiants, notamment des femmes, peu de temps après que des bandits ont attaqué leurs résidences, ciblant des jeunes femmes, près de l’université le vendredi 22 septembre 2023.
“La sécurité est l’affaire de tous. La situation à Zamfara est devenue complètement incontrôlable et, comme je ne cesse de le répéter, elle a été encouragée, passivement ou autrement, par les anciens dirigeants.”
Col. Hasssan Stan Labo, Analyste de stratégie de défense, Nigéria
Dans les régions Nord-Ouest et Centre-Nord, 2 331 civils ont trouvé la mort au premier trimestre 2022. Ces régions ont subi 65 % de tous les incidents de sécurité du Nigeria pendant cette période, selon la société de sécurité Beacon Consulting basée à Abuja. Les bandits basés dans les forêts reculées du Nord-Ouest du Nigeria sont devenus de plus en plus dangereux en 2022 avec une intensification de leurs attaques et leurs enlèvements qui ciblent les étudiants de l’université de Gusau, les villageois et les fermiers.
“Certaines de ces zones rurales sont négligées. C’est la raison pour laquelle vous verrez ces hommes sans foi ni loi se déplacer avec des camionnettes et enlever des enfants dans les écoles, quelle que soit leur religion, ainsi que quelques fonctionnaires ici et là. Ensuite, ils s’en vont sans craindre des représailles.”
Col. Hasssan Stan Labo, Analyste de stratégie de défense, Nigéria
Le Bureau national des Statistiques estime que la crise sécuritaire de la région est le résultat d’une compétition de longue date autour des ressources foncières et hydriques, principalement entre les éleveurs peul et les agriculteurs majoritairement haoussa, deux communautés qui ont, au fil du temps, mobilisé des groupes armés pour assurer leur protection. La violence des bandes organisées, qui a commencé dans l’Etat de Zamfara, s’est depuis étendue à cinq autres Etats : Kaduna, Katsina, Sokoto, Kebbi et Niger, le dernier étant situé dans le centre-nord du Nigéria.