Dans une interview exclusive accordée à Africa 24, Amr Essam, Conseiller à la présidence de la Cop 27 s’est exprimé sur les enjeux la COP27 au sortir de la Semaine Africaine du Climat.
1-Vous faites partie de l’équipe de la présidence de la Cop 27 et vous avez participé à l’édition 2022 de la semaine africaine du climat à Libreville au Gabon. Pouvez-vous nous dire quels sont les enjeux de cette conférence pour votre pays, l’Egypte ?
La semaine africaine du climat arrive à point nommé, à moins de 70 jours de la Cop 27 à Charm el-Cheikh en Egypte. Le Gabon comme à son habitude, contribue de manière très significative à positionner l’Afrique au bon endroit dans l’agenda mondial du climat. Il a continué à accueillir gracieusement la Semaine africaine du climat. C’était une très bonne occasion pour l’Afrique de consolider une fois de plus la visibilité de ses besoins et de ses priorités ainsi que la situation de la réponse climatique en Afrique devant le reste du monde. Comme vous l’avez entendu dans le discours d’ouverture de S.E. le Ministre et président désigné de la Cop 27 Sameh Choukri lors de l’ouverture de la Semaine Africaine du Climat lorsqu’il a parlé de l’injustice climatique qui est exercée contre l’Afrique, un continent dont la part des émissions mondiales de gaz à effet de serre est inférieure à 4% et qui abrite 17% de la population mondiale, mais qui reçoit néanmoins une part minimale de financement et de soutien climatique d’une manière qui lui permette d’assumer sa part de la réponse climatique et d’assurer la résilience, la transformation et l’adaptation du continent et de sa population.
2- L’Egypte accueillera la Cop 27 dans un contexte délicat dû aux crises énergétique et climatique et aux conséquences de la guerre en Ukraine. Quelle est votre vision de cette conférence en tant que membre de l’équipe de présidence de la Cop 27 ?
Je pense que nous sommes tous collectivement conscients du moment difficile auquel notre monde est confronté; la crise alimentaire, la crise énergétique, ainsi que la crise de la chaîne d’approvisionnement et l’accessibilité aux services de base. La Cop 27 est accompagnée d’un message très clair, que le président désigné de la Cop 27, Son Excellence Choukri, a également évoqué lors de l’ouverture de la Semaine Africaine du Climat. C’est le moment où les États parties à la convention sur le changement climatique ainsi que toutes les autres parties prenantes doivent doubler leur engagement en faveur de l’action climatique. Il n’y a pas de plan B et il n’y a pas de possibilité de prendre un nouveau tournant. Les rapports du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat qui ont été publiés cette année ont confirmé sans l’ombre d’un doute la gravité de la situation des impacts du changement climatique dans le monde, et en particulier pour notre continent, ici en Afrique, qui est l’un des plus vulnérables aux impacts du changement climatique dans les différents secteurs d’activités humaines de l’économie.
3- Alors, que fait l’Égypte de son côté pour enrayer cette crise en Égypte d’abord, puis en Afrique ?
Je pense que l’Égypte, forte de sa tradition diplomatique, des partenariats et des amitiés solides que nous entretenons sur le continent africain et dans le monde, ainsi que du dialogue cohérent et fructueux que nous entretenons avec nos partenaires du monde entier, y compris les grandes économies, cette prochaine présidence vise à fournir un environnement propice à un dialogue constructif entre nos parties, des conversations franches et dynamiques, même sur les questions les plus difficiles, en vue de parvenir à des résultats satisfaisants qui répondent aux attentes de tous, en particulier des jeunes et des acteurs du climat du monde entier qui attendent les résultats de la Cop 27, des résultats qui correspondent à ce qu’elle a annoncé en tant que COP pour les mises en œuvre et les actions.
4- A quoi devons-nous nous attendre à la fin de la Cop 27 ?
Nous attendons en fait des résultats qui montrent les progrès réalisés dans le monde entier sur les différentes questions, notamment la non-production d’émissions et le maintien du niveau de température de 1,5 degré. Nous attendons également des progrès sur un programme d’adaptation transformateur. Nous attendons des progrès pour un financement approprié qui soit abordable, accessible, suffisant et efficace, et nous attendons une réponse adéquate à la cause actuelle de la réponse aux pertes et dommages résultant du changement climatique. Les progrès réalisés dans le monde entier, qui sont équitables et équilibrés, sont importants lorsque nous continuons à consolider la crédibilité de l’agenda climatique mondial et de la conversation sur le climat mondial. Nous tenons beaucoup à ce que cela se produise en Égypte et continue à se produire au-delà.
5-Quelle est l’importance de la coopération entre les cinq comités régionaux des Nations Unies et la présidence égyptienne de la Cop 27 ?
En mai de cette année, il y a quelques mois, le président désigné de la Cop 27, en collaboration avec notre champion de haut niveau, le Dr. Mahmoud Mohieldin, ainsi qu’avec les cinq commissions régionales des Nations Unies, a annoncé une initiative visant à accueillir cinq tables rondes régionales consacrées à l’examen de la question du financement et de l’investissement climatiques, qui est l’obstacle à la réponse climatique et au développement durable. Nous avons déjà commencé plus tôt ce mois-ci à Addis-Abeba, où la conversation s’est concentrée sur l’Afrique et les besoins africains, et sur la façon de débloquer d’éventuelles voies supplémentaires pour la mobilisation des ressources pour la réponse au climat sur notre continent ; puis nous nous sommes déplacés pour la table ronde Egypte-Pacifique qui a eu lieu à Bankurt. Hier, une table ronde spécifique à l’Amérique latine a eu lieu à Santiago, au Chili. Nous poursuivrons avec une table ronde sur le Moyen-Orient et l’Afrique à Beyrouth, et nous conclurons avec une table ronde sur l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord à Genève, en Suisse, La consolidation des recommandations de ces tables rondes et les nouvelles idées différentes qui seront prises en compte lors des différents panels de discussion et tables rondes seront compilées et trouveront leur place pour être prises en compte lors de la Cop 27.
6- Monsieur le Conseiller, lors de la semaine africaine du climat, les gouvernements et les parties prenantes ont insisté sur le fait que les jeunes doivent prendre part à la lutte contre le changement climatique. J’aimerais savoir comment l’Egypte mobilise les jeunes pour qu’ils participent activement à cet événement.
Nous disons tous que les Cop africaines sont parmi les plus accueillantes pour les engagements des jeunes. ()notre continent l’a prouvé à Marrakech, et il en fera de même à Charm el-Cheikh en prenant des mesures supplémentaires dans ce sens. Nous sommes donc fiers de notre coordination et de nos engagements cohérents et significatifs avec les groupes de jeunes et les représentants de la jeunesse. Nous sommes fiers d’être la première présidence de la Cop à annoncer la création d’un poste à plein temps d’envoyé du président de la Cop pour les jeunes. Nous aurons une journée entière consacrée à des discussions thématiques sur les jeunes et les générations futures, ce qui constituera une plateforme permettant aux jeunes de présenter leurs réussites et leurs points de vue sur les défis et les impacts du changement climatique sur leur vie, ainsi que leurs contributions à la réponse au changement climatique aux niveaux local, national, régional et international, sans oublier les initiatives de renforcement des capacités que nous avons lancées pour la jeunesse égyptienne et la promotion la plus large possible de la sensibilisation et de l’éducation climatique auprès de nos jeunes. Nous avons également lancé quelques initiatives intéressantes pour améliorer les possibilités d’engagement et de participation des jeunes africains à la Cop 27.
