L’Ouganda s’est positionné comme un pionnier de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ayant ratifié l’accord en 2018 et lancé sa stratégie nationale de mise en œuvre en 2024. Cependant, malgré cet engagement politique, son impact sur le terrain demeure limité. Le commerce intra-africain ne représente toujours qu’une faible part du potentiel d’exportation de l’Ouganda, et les opérateurs commerciaux continuent de se heurter à des délais de dédouanement pouvant atteindre 355 heures sur les principaux axes commerciaux, ainsi qu’à des normes incohérentes et à des retards logistiques. Pour de nombreux exportateurs, la perspective d’un marché continental sans entraves reste un rêve.
Malgré la ratification précoce par l’Ouganda de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en 2018 et le lancement de la Stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAf en décembre 2024, les progrès en matière de concrétisation de cet accord en gains commerciaux tangibles sont lents et inégaux. Le commerce intra-africain représente toujours une faible part des exportations totales de l’Ouganda, les exportations de marchandises vers les marchés africains restant largement en deçà du potentiel régional malgré les réformes nationales et les efforts de facilitation des échanges. Les exportations totales de l’Ouganda ont atteint 7,12 milliards de dollars américains en 2024, mais le commerce transfrontalier, tant formel qu’informel, continue de souffrir d’importants retards et de barrières non tarifaires qui nuisent à la compétitivité.
« La question du protectionnisme est également présente. Plusieurs pays mettent en place ces barrières pour protéger leur production locale – et peut-être qu’en tant que région, nous devons avoir une vision plus large ; au lieu de nous faire concurrence, nous devons être capables de coopérer, et c’est pourquoi il est important d’examiner les chaînes de valeur régionales. »
Jane Nalunga, Directrice générale, SEATINI Ouganda.
Cet écart reflète les obstacles structurels et institutionnels auxquels les commerçants se heurtent pour accéder aux marchés continentaux, notamment l’incohérence des normes, la longueur des procédures frontalières et l’harmonisation incomplète des principaux protocoles de la ZLECAf, tels que les règles d’origine. Les barrages routiers aux postes frontières comme Mutukula et Malaba contribuent à des délais de dédouanement de plusieurs centaines d’heures pour certaines marchandises. Les commerçants signalent des délais de dédouanement à l’exportation allant jusqu’à 355 heures pour les routes vers le Kenya, en raison de multiples inspections et de mesures sanitaires non harmonisées.
« Les règles d’origine sont essentielles à l’industrialisation. Leur élaboration déterminera si l’on parvient à s’industrialiser ou non. C’est là que réside le défi : trouver un équilibre entre l’industrialisation et l’approvisionnement en matières premières. »
Jane Nalunga, Directrice générale de SEATINI Ouganda – Ouganda
Les efforts déployés par le gouvernement et le secteur privé visent à améliorer la trajectoire de mise en œuvre en Ouganda. En octobre 2025, le Comité national de mise en œuvre de la ZLECAf (CNM), composé de 36 membres issus des secteurs public, privé, de la société civile et du développement, a été inauguré afin de coordonner les actions nationales, de renforcer la cohérence des politiques et de rendre opérationnelle la stratégie de mise en œuvre de la ZLECAf. Son mandat comprend la simplification des procédures d’exportation, la facilitation de l’accès aux marchés et la suppression des barrières non tarifaires qui augmentent les coûts et retardent les expéditions.



