À Ségou, sur les rives du fleuve Niger, le dialogue entre l’art et l’unité régionale a résonné plus fort que jamais. L’édition 2025 de Ségou’ Art – Festival sur le Niger, associée à la Semaine de la Fraternité de l’Alliance des États du Sahel (AES), a transformé la ville en un carrefour culturel et diplomatique. Entre expositions, concerts et débats, cet événement a illustré l’engagement des peuples du Sahel à préserver leur identité et à renforcer leur solidarité.
Pendant une semaine, Ségou a vibré au rythme du Festival sur le Niger, rendez-vous incontournable de la musique et de l’art contemporain africain. Cette édition a pris une dimension politique et sociale avec la Semaine de la Fraternité de l’AES, rassemblant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Artistes, experts et responsables politiques se sont retrouvés dans la cité des Balanzans pour célébrer la culture et le vivre-ensemble.
Le président en exercice de la Confédération des Etats du Sahel , Assimi Goïta, a décrété l’année 2025 « année de la culture », une mesure visant à revitaliser les valeurs traditionnelles, à promouvoir les talents artistiques et à renforcer l’identité culturelle africaine. En marge du festival, les pays de l’AES ont signé un mémorandum sur une politique culturelle commune ainsi qu’un accord de mise en œuvre d’une stratégie commune de l’artisanat.
“Les trois États réunis. Nous sommes une puissance culturelle mondiale. Ce n’est pas une affirmation. On peut le vérifier en termes de discipline des musiques, en termes d’art contemporain, en termes de musées, en termes de patrimoine culturel immatériel. Nous sommes un réservoir immense.”
MAMOU DAFFÉ, Ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme – Mali
“ Au niveau du Niger nous avons le Safem qui est le salon international de la femme auquel le Mali avait assisté dernièrement. Au Niveau du Mali nous avions le Siamoi et au niveau du Burkina, nous avons le SIAO donc c’est de faire en sorte que tous ces événements, que nous puissions à l’avenir organiser un seul et même événement qui va aller regrouper tous ces trois pays et pour que nous puissions mener des actions qui seront une seule et même action pour pouvoir comme le dit le thème de la Semaine de la fraternité un avenir prospère pour les Etats de l’AES. Voilà un peu l’objectif de cette convention.”
Soufiane Aghaichata Guichene, Ministre de l’Artisanat et du Tourisme – Niger
Depuis sa création en 2005, le Festival sur le Niger attire chaque année des milliers de visiteurs. Pour la 21ᵉ édition, l’événement s’est articulé autour du thème « Diversité culturelle, paix et unité », mettant en avant le rôle de l’art et de la culture dans le dialogue et la cohésion sociale. Parmi les activités phares, le Ségou-Fali Tour, organisé par Mali Tourisme, propose une immersion dans la ville à bord de charrettes traditionnelles. Cette initiative a offert aux festivaliers une découverte inédite du patrimoine historique et architectural de Ségou.
“ La symbolique assez forte. Là ne fait partie du quotidien de ces groupes. La charrette tractée par l’âne, c’est un des moyens de transport le plus utilisé au niveau de la ville de Ségou. Donc aujourd’hui, nous avons justement travaillé pour installer des plateformes de manière à favoriser un peu l’accueil et faciliter les déplacements des visiteurs. Une fois à Ségou.”
Sidy Kéita, Directeur général de Mali Tourisme – Mali
Selon l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation (ONEF), l’artisanat représente 24,2 % du Produit Intérieur Brut (PIB) du Mali et constitue un secteur clé de l’économie nationale, générant près de 5 millions d’emplois à travers le pays. La foire artisanale et agricole au quai des arts sur le festival sur le Niger a réuni des artisans et créateurs issus de plusieurs pays africains. Ce marché a offert un aperçu riche et varié du savoir-faire continental.
“Alors cette année, nous sommes très heureuses et très contentes car nous avons pu faire beaucoup de choses comme le réseautage et nous sommes venus pour exposer nos produits, avoir d’autres clients. çà, c’est du miel bio de qualité que tout le monde peut consommer à partir d’un an.”
Oumou CISSÉ, Promotrice des « Trésor des Abeilles – Mali
Durant le festival, des troupes de danse traditionnelles ainsi que des masques traditionnels ont défilé et réalisé des performances artistiques à la Fondation du Festival, ainsi qu’à travers la ville de Ségou. Les concerts de musique sur la scène Biton au quai des arts sur la berge du fleuve Niger ont attiré une large audience, notamment des jeunes issus des trois pays de l’AES.
“Ça marque un pas décisif dans notre cohésion sociale, qui est la fraternité entre les trois pays le Mali, le Burkina ainsi que le Niger . Vraiment, ça fait beaucoup de joie de rencontrer beaucoup de jeunes venus de différents pays.”
Moussa Coulibaly, Festivalier – Mali
Les industries culturelles et créatives ICC africaines (musique, cinéma, mode, littérature, arts visuels, jeux vidéo) pourraient générer jusqu’à 4 % du PIB africain d’ici 2030 et créer des millions d’emplois.
Lors du festival, des experts d’Arterial Network, du réseau Kya et des faîtières de la confédération nationale des acteurs culturels du Burkina Faso, la fédération des artistes du Mali et l’UAPREM, association d’artistes et d’acteurs culturels ont signé plusieurs conventions.
“Les ICC c’est près de 49 milliards injectés dans le produit intérieur brut en Afrique et par an, et c’est plus de 2 millions d’emplois créés. Donc c’est important. C’est nous, en tant qu’ acteurs culturels, en tant qu’ artistes qui sommes à la base. Et je voudrais quand même insister sur un aspect extrêmement important que la perception de notre secteur. Quand on parle du rôle de ces faîtières , c’est aussi notre rôle de plaidoyer pour que la perception sur le secteur change.”
Djibril Guissé, Délégué général du Ségou’art Festival sur le Niger – Mali
Le festival a eu un impact significatif sur l’économie locale. Au cours des dix premières éditions, de 2005 à 2014, le festival a injecté plus de 16 milliards de FCFA dans l’économie locale de Ségou, contribuant ainsi au développement économique de la région. Il a généré la création de plus de 200 emplois directs et de plus de 3 000 emplois indirects, stimulant ainsi l’activité économique locale. Sur le plan de la formation, l’Institut Korè des Arts et Métiers (IKAM), spécialisé dans le management et l’entrepreneuriat culturel, a été lancé en 2015. Il propose notamment un master en management culturel.
“On a nos IKAM affiliés au Burkina Faso, au Togo, en Côte d’Ivoire, en Mauritanie et on vient de signer aujourd’hui une convention avec IKAM au Niger donc on vient d’ouvrir IKAM au Niger et chaque année, on fait des formations et pour un minimum de 200 jeunes qui sont dans notre espace.”
KEBA DAFFÉ, Directeur de programme de l’institut Kôrè des Arts et Métiers (IKAM) Ségou – Mali
En matière de promotion des savoirs locaux, le Musée des Arts et de l’Artisanat, inauguré en marge du festival sur Niger au Centre Culturel Korè des Arts à S égou, joue un rôle important dans la sauvegarde et la transmission du patrimoine culturel immatériel. Ce nouvel espace met en valeur le patrimoine textile et artistique du Mali, offrant un lieu de découverte, d’apprentissage et d’inspiration pour les artisans, artistes musiciens et créateurs d’art contemporain.
“Les créateurs, j’ai cité tout à l’heure Abdoulaye Konaté, Amahiguere Dolo, Cheikh Diallo et Barthélémy Toguo, du Cameroun, ainsi que Ki Sidiki. Ce sont de grands créateurs africains qui sont présentés dans ce musée. Et on invite évidemment la jeunesse à venir voir cette exposition pour stimuler leur créativité, mais aussi pour s’instruire sur l’histoire, les technologies et la créativité africaine.”
SALIA MALÉ, Anthropologue – 2ème Curator de l’exposition – Mali
Après le succès de l’accueil des touristes à Tombouctou en décembre 2024, la relance du tourisme au Mali s’est poursuivie avec le Ségou’Art Festival sur le Niger. Cet événement a permis au ministre de l’artisanat de la Culture, Mamou Daffé, d’accueillir les délégations de visiteurs dans la cité des balanzan.
“ Nous sommes très heureux. Cet après-midi à Ségou dans la cité mythique des balanzans. de recevoir les touristes en nombre. Après Tombouctou, il y a quelques mois, nous sommes très heureux et au nom de tout le gouvernement du Mali et du président de la République et de son Premier ministre, je voudrais saluer les visiteurs qui ont confiance en notre pays. C’est un acte de foi aujourd’hui, venir passer une semaine avec nous. ”
MAMOU DAFFÈ, Ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme – Mali
Dans le cadre du Salon d’Art Contemporain du Mali, plus d’une centaine de jeunes artistes d’art visuel ont exposé leurs œuvres à la Fondation du Festival sur le Niger, ainsi que dans divers espaces à travers la ville, grâce à l’exposition Bi Mali.
Avec la participation de 42 pays, l’édition 2025 de Ségou’Art a attiré plus de 100 000 festivaliers, 300 professionnels du secteur culturel et plus de 410.000 visiteurs pour les foires, sans oublier la présence de 400 artisans et créateurs. Le lancement officiel s’est tenu en présence du ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. Dans une démarche de valorisation des expressions artistiques contemporaines, des plasticiens de la Confédération des États du Sahel ont exposé leurs œuvres dans les galeries de Ségou’Art, au village du festival, ainsi qu’en Expo Off au Musée des Masques et Marionnettes. Ces expositions ont offert aux visiteurs un panorama de la créativité africaine dans toute sa diversité.
“J’expose avec le collectif Wéké pour la deuxième fois. L’année passée, j’étais là à Ségou’art et cette année, j’y suis également. Moi, je me nourris par exemple de portraits. Je suis portraitiste donc j’ai pas mal de commandes, de portraits en moins. Donc je fais des portraits. On m’appelle souvent pour la décoration, je fais la décoration, je fais le design. Donc vraiment, j’ai mon atelier et je fais aussi de la récupération. ”
Madina GNAMOU, Artiste plasticienne – Burkina faso
“Tout est symbole de l’entente, tout est symbole de la réconciliation. Et nous, en tant enseignant-chercheur, on va essayer de traduire ces éléments là pour mieux traiter nos problématiques les plus importantes.”
NELSON CONGO, Enseignant-chercheur en communication – Burkina Faso
D’abord consacré à la musique, le Festival sur le Niger a réuni en 2025 de grandes figures de la scène musicale africaine et internationale. Un concours national de musique, dénommé « Talent de la Cité », qui a réuni plus de 300 jeunes artistes en compétition, a atteint son apogée avec la finale. Ce concours a permis de promouvoir les talents émergents de la musique malienne. À travers 144 concerts géants de musique tels que la Nuit de l’AES, Music Urbaine et Reggae Night, ainsi que la Soirée Diversité Culturelle et Mandingue, des icônes comme Salif Keita, Amadou et Mariam ont enflammé la scène de la fondation du festival et la scène Biton au quai des arts.
“Le promoteur, le fondateur du Festival sur le Niger , a l’habitude de dire Monsieur le ministre Mamou Daffé , Ségou est un scandale historique et culturel, c’est un gisement, c’est un gisement culturel. Donc avec le riche patrimoine culturel, le plus grand musicien du Mali en tout cas en général, viennent de cette région. “
DJIBRIL GUISSE, Délégué général du Festival sur le Niger – Mali
Avant l’apothéose consacrée à la révélation des créateurs maliens, le patrimoine textile a été exposé au public sur le site qui a accueilli la Nuit du Pagne Tissé. Véritable hommage au savoir-faire ancestral, cet espace a mis en lumière les métiers du tissage artisanal du coton, illustrant l’importance de cette tradition dans l’identité culturelle malienne.
“Tout ce que les artisans tissent là de tout cela, il y a des pagnes en bogolan nous ont fait transformer ça. Il y a des écharpes aussi, écharpes tissées et des écharpes en bogolan aussi. Il y a beaucoup, beaucoup d’autres articles aussi qu’on vend.”
COUMBA SISSOKO, Représentante de la boutique Smarts – Mali
Dans l’attente du grand défilé, la coordination de la Nuit du Pagne Tissé redouble d’efforts pour peaufiner les derniers détails. Dédiée à la créativité des artisans et designers maliens, la soirée, éclatante de couleurs et de créativité, a célébré la richesse et la diversité des pagnes tissés du Mali, témoignant d’un héritage textile toujours vivant et en constante réinvention.
“Je suis très heureux de recevoir ce prix aujourd’hui. Les tenues que j’ai présentées sont un mélange entre tradition et modernité, un équilibre qui correspond aux tendances actuelles. Ce prix est une fierté pour toute la communauté de Djenné.”ABASS TRAORÉ, Artisan de Djenné – Mali
Le Festival sur le Niger a célébré l’art et la culture à travers une programmation fusionnant spectacles de théâtre et performances humoristiques. Point d’orgue de cette édition, la clôture du festival a offert au public un moment d’exception avec une performance de Cheick Tidiane et des All Stars Jam Session, réunissant sur scène des artistes de renom pour un final en apothéose. Une célébration musicale qui a reflété toute la diversité et la vitalité de la scène artistique africaine.
“ Cette 21 ème édition, c’est aussi les tables rondes et le colloque de Ségou, donc, nous avons eu à mettre en place une table ronde sur le thème de l’édition, à savoir la diversité culturelle, paix et unité, mais aussi sur les multiples fonctions du fleuve Niger où plus de 300 acteurs culturels, 300 professionnels, 300 acteurs de l’environnement, des experts, des chercheurs, des décideurs étaient là pour discuter de cette thématique et je dois préciser que nos recommandations pertinentes en sortiront et qui seront remises à nos plus hautes autorités.
DJIBRIL GUISSE, Délégué général du Festival sur le Niger – Mali
Le Festival sur le Niger, fondé en 2005 par Mamou Daffé, initiateur du modèle entrepreneurial innovant “Maaya”, constitue un modèle de développement culturel durable. Cette initiative artistique et culturelle continue d’incarner une volonté politique forte de promouvoir l’identité culturelle malienne, tout en soutenant les jeunes talents et en dynamisant l’économie locale. Son impact s’étend aussi au secteur des transports, notamment fluviaux, renforçant ainsi le rôle stratégique du fleuve Niger, pilier économique essentiel qui soutient l’agriculture, l’élevage et le commerce. En 2024, le tourisme, qui représente 2 à 3 % du PIB, connaît une relance grâce au marché domestique et régional, porté par Mali Tourisme et le secteur privé.
