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Sénégal : appel aux députés français à rompre avec le “préjugé néocolonial”

Au Sénégal, le groupe Benno Bokk Yaakaar, qui représente la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale, fustige des acteurs de la classe politique française qui refusent de se départir du “transcendantal colonial” et du “préjugé colonial”. La sortie du groupe parlementaire, à travers son président He El Hadji Omar YOUM, intervient après une lettre de deux députés français au ministre des Affaires étrangères de la France, dans laquelle ces derniers demandent au gouvernement et au président Emmanuel Macron d’être attentifs à la situation politique au Sénégal et de veiller à la non-candidature du chef de l’Etat Macky Sall en 2024.

C’est une lettre de deux députés, André Chassaigne et Jean-Paul Lecoq, tous deux membres du parti communiste français, adressée le 17 mars 2023 à la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de France, Catherine Colonna, qui irrite à l’assemblée nationale du Sénégal. Dans cette lettre avec pour objet “Situation au Sénégal”, les deux députés relaient une rumeur sur de prétendus millions d’euros remis par le président Macky Sall à l’opposante française Marine le Pen pour infléchir les positions d’acteurs français. Ils demandent aussi au gouvernement français et au président Emmanuel Macron de mieux considérer l’opposition sénégalaise et de soutenir toutes les initiatives pour la tenue du scrutin présidentiel au Sénégal en 2024 sans Macky Sall, qui pourrait, selon ces derniers, se représenter “de manière illégale”. Me El Hadji Omar YOUM, président du Groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar à l’Assemblée nationale sénégalaise, a répondu aux allégations des deux députés français dans un document dont Africa24 a eu copie. 

Je me dois de relever la formelle contradiction de votre démarche sarcastique par laquelle vous dénoncez la politique africaine de la France, marquée par l’ingérence dans  les affaires intérieures des pays africains, tout en sollicitant l’intervention de la ministre française des Affaires étrangères afin que les questions  politiques internes au Sénégal soient inscrites à l’agenda du dialogue entre le Gouvernement de la France et celui du Sénégal. Pourquoi, de toute I’opposition sénégalaise, il n’y a que Monsieur Ousmane Sonko qui soit empêtré dans des dossiers judiciaires? La vérité est pourtant toute simple et limpide. Monsieur Sonko a été accusé de viols répétés et de menaces de mort par une jeune fille officiant dans un salon de message que l’accusé fréquentait. Ce dossier est devant la justice. Combien d’hommes politiques en France ont eu maille à partir avec la justice pour divers motifs?”

Me El Hadji Omar YOUM, Président du Groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar

Pour les acteurs politiques sénégalais proches du président Macky Sall, l’opportunité d’un nouveau mandat sera à l’appréciation de l’actuel chef de l’Etat et éventuellement des institutions sénégalaises, dans la légalité. 

Je rappelle qu’en 2016, le président de la République avait proposé une révision constitutionnelle et lui même avait écrit dans sa requête qu’il voudrait non seulement que son mandat – c’est-à-dire le septennat à l’époque – soit comptabilisé et ensuite que son mandat puisse être réduit de sept à cinq ans. Le conseil constitutionnel a dit que non seulement, on ne peut pas réduire le mandat parce que le mandat présidentiel est intangible, ce qu’il a écrit noir sur blanc; mais aussi que ça ne pouvait pas être décompté parce que c’est à partir de 2016 qu’on a dit avec l’article 27 que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs c’est-à-dire un quinquennat. Donc ce n’est plus une question juridique et le président de la République l’a dit clairement que le moment venu il va se prononcer sur la question.

Abdou Mbow, Président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale

La prochaine élection présidentielle au Sénégal est prévue en février 2024. L’opposant Ousmane Sono, du Pastef (parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), qui fait face à des procédures judiciaires, estime qu’il s’agit de moyens de l’écarter de la course à la présidentielle. Ce que Benno Bok Yaakar, la coalition favorable au président Macky Sall, dément. 

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