Sénégal – violence faite aux femmes: les militantes appellent à réviser le Code de la famille

Depuis le début de cette année  finissante 2025, 17 femmes ont été tuées au Sénégal dans un cadre conjugal ou familial. Face à ce constat, cent militantes féministes de vingt organisations ont publié une tribune le 26 décembre pour réclamer une réforme urgente du Code de la famille. Elles estiment que la version actuelle, qui fait de l’homme le seul chef de foyer, maintient les femmes victimes de violences dans une situation dangereuse faute d’un statut plus égalitaire.

Depuis le début de l’année 2025, plus de 17 femmes ont été tuées au Sénégal dans un cadre conjugal ou familial. Face à cette recrudescence, une centaine de militantes féministes, représentant une vingtaine d’organisations, ont publié une tribune le 26 décembre 2025. Elles y lancent un appel pressant pour une réforme du Code de la famille. Selon ces militantes, le Code actuel met en danger les femmes en désignant l’homme comme unique chef de foyer. Elles estiment que cette disposition contraint les victimes à demeurer dans des situations de violence, faute d’un statut offrant une plus grande égalité des droits. Leur objectif est de garantir la sécurité et les droits fondamentaux des femmes victimes de violences.

 “face à cette recrudescence, l’Etat du Sénégal ne peut plus rester dans l’inaction. C’est une question de justice et de responsabilité collective. Comme la plupart des féministes l’ont dit et comme nous le pensons aujourd’hui avec la réforme du code de la famille, on peut améliorer concrètement la sécurité des femmes parce qu’elle va agir en amont des violences. Aujourd’hui, le droit soutient d’une certaine façon des rapports de pouvoir inégaux au sein du couple, ce qui rend les femmes encore plus vulnérables, surtout lorsqu’elles sont confrontées à la violence”.

Oumy Régina SAMBOU, JournalisteSénégal

En novembre 2024, l’agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a publié une enquête nationale de référence sur les violences faites aux femmes documentées de manière rigoureuse, à partir de données statistiques officielles. Cette enquête révèle que près d’une femme sur trois au Sénégal a subi au moins une forme de violence, physique, psychologique, sexuelle ou économique au cours des douze derniers mois. Ces violences ont lieu majoritairement dans le cadre conjugal ou familial, c’est-à-dire dans l’espace que la société continue de considérer comme privé.

“Réformer ce code, c’est rétablir l’égalité, c’est renforcer la protection juridique face aux violences conjugales, y compris psychologiques et économiques, et c’est permettre aux femmes de quitter plus tôt des situations dangereuses. Ce n’est pas une remise en cause de la famille, c’est une modernisation nécessaire pour garantir la dignité, la sécurité et les droits fondamentaux des femmes. Et quand le droit protège mieux. Des vies sont sauvées.”

Oumy Régina SAMBOU, JournalisteSénégal

Les militantes interpellent également les parlementaires sénégalais qui sont à l’initiative des propositions de lois. Selon elles, ils sont censés représenter la population et agir dans l’intérêt général. Leur rôle n’est pas symbolique : il est central dans la production du droit et dans la hiérarchisation des priorités politiques. Selon le Code sénégalais actuel de la Famille, en vigueur depuis 1972, une femme ne peut pas quitter le domicile familial pour violences conjugales : ce serait considéré comme un abandon de domicile, délit punissable par la loi.

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