Pour la première fois depuis 1969, les habitants de Mogadiscio ont voté directement pour leurs autorités locales. Un scrutin historique, salué comme un pas décisif vers la démocratie, mais organisé dans un pays encore fragilisé par des décennies de conflits, d’insécurité et de divisions politiques.
Le 25 décembre 2025 restera une date marquante dans l’histoire politique de la Somalie. Les électeurs de Mogadiscio se sont rendus aux urnes pour élire leurs représentants locaux au suffrage universel direct, une première depuis près de soixante ans. Jusqu’ici, la vie politique somalienne reposait sur un système indirect fondé sur les clans, dans lequel les citoyens n’avaient pas de voix directe. Ce scrutin marque donc une rupture symbolique avec un modèle hérité de la guerre civile et de l’effondrement de l’État au début des années 1990. Mais au-delà du symbole, ces élections locales constituent un test sécuritaire d’abord. Mogadiscio reste une ville sous haute tension, régulièrement visée par des attaques du groupe jihadiste al-Shabab. Pour sécuriser le vote, plus de dix mille membres des forces de sécurité ont été déployés, l’aéroport a été temporairement fermé et les déplacements restreints. Malgré ces risques, le scrutin s’est déroulé sans violences majeures, un fait notable dans le contexte somalien.
“ Autrefois, les gens étaient soudoyés pour voter, mais maintenant vous êtes libre de voter pour qui vous voulez.”
Hibaq HASAN BARISE, Candidate aux élections locales – Somalie
Environ 400 milles électeurs inscrits, plus de 1600 candidats pour 390 sièges et des centaines de bureaux de vote ont été organisés dans une capitale marquée par des infrastructures fragiles. Mais ce scrutin est aussi un test politique. Plusieurs partis d’opposition ont boycotté les élections, dénonçant un manque de consensus et accusant le gouvernement d’avoir imposé le calendrier. La participation, bien que visible le matin, a été jugée inférieure aux attentes par certains observateurs.
“ Je suis parti de chez moi à 5h30 pour participer à l’élection et faire entendre ma voix.”
Mohammed IBRAHIM, Electeur – Somalie
Pour le gouvernement somalien, ces élections locales sont néanmoins présentées comme une étape préparatoire cruciale en vue des élections nationales prévues en 2026. L’objectif affiché : généraliser le principe « une personne, une voix » à l’ensemble du pays, y compris pour les législatives et, à terme, l’élection présidentielle.



