Au Tchad, le Parlement a acté vendredi 3 octobre 2025, une révision constitutionnelle majeure. Le texte modifie profondément les institutions et le mandat du président Mahamat Idriss Déby. L’opposition dénonce un passage en force et met en garde contre un verrouillage politique. Cette réforme redéfinit l’équilibre des pouvoirs et marque un tournant historique pour le pays.
Le parlement tchadien réuni en Congrès le 3 octobre 2025 a acté la modification de la nouvelle Constitution avec 236 voix pour, 3 abstentions et le départ de 21 opposants. Ce texte majeur introduit des changements significatifs, notamment l’extension du mandat présidentiel de cinq à sept ans, renouvelable indéfiniment. Parmi les autres modifications importantes, la Constitution autorise désormais le président de la république à exercer des fonctions au sein d’une formation politique. Elle supprime également l’immunité des ministres et prolonge le mandat des députés de cinq à six ans. Enfin, un nouveau poste de vice-Premier ministre a été créé.
En procédant à cette révision, le Congrès a rempli sa première mission en posant des bases solides pour un Parlement et des institutions plus efficaces, modernes et mieux adaptés aux exigences de notre démocratie. La révision technique a été notamment justifiée par l’impérieuse nécessité de corriger les nombreuses lacunes constatées dans la mise en œuvre de la Constitution du 29 décembre 2003. La démarche ayant guidé nos délibérations a consisté à procéder à des ajustements techniques dans un esprit de continuité.
ALI KOLOTOU TCHAÏMI Président de l’Assemblée nationale
Les partis d’opposition au Tchad dénoncent un « verrouillage institutionnel » et un processus politique précipité, craignant une menace pour la démocratie émergente du pays. Albert Pahimi Padacké et le sénateur Mbaigolmen Sébastien ont notamment critiqué la convocation inattendue des parlementaires, y voyant une concentration excessive du pouvoir entre les mains du chef de l’État.
Nous avons accepté de venir dans la salle, croyant qu’on nous laisserait un espace pour, une fois de plus, leur expliquer, interpeller leur conscience et leur montrer que le chemin qu’ils ont emprunté mènera le Tchad vers la dérive. Comme vous avez pu le constater, ils nous ont refusé la parole et nos votes par le passé, car le moment était occulté. Il ne sert donc à rien de rester encore dans la salle pour voter et leur donner à nouveau l’occasion d’occulter certains.
SÉBASTIEN MBAÏGOLMEM, Représentant du groupe parlementaire RNDT le réveil
Pour les observateurs, l’allongement du mandat présidentiel à sept ans, sans limitation de renouvellement, renforce considérablement l’exécutif, au risque de fragiliser les équilibres démocratiques.



