La Tunisie connaît un climat politique sous tension à la veille de l’adoption d’une nouvelle Constitution. Le 24 juin 2022, le ministère de l’Intérieur a affirmé au cours d’une conférence de presse que le président Kais Saied faisait l’objet de menaces . Pendant que le pouvoir en place émet des soupçons à l’endroit de plusieurs opposants politiques suite au gel du parlement, ces derniers estiment qu’il s’agit d’un règlement de comptes visant les adversaires politiques.
Le porte-parole du ministère tunisien de l’Intérieur, Fadhila Khelifi, a annoncé, le 24 juin 2022 lors d’une conférence de presse à Tunis, l’existence de graves menaces à l’égard de la sécurité du président de la République Kais Saied. Essuyant de nombreuses critiques de l’opposition pour l’avoir écartée d’un dialogue national sur une nouvelle Constitution, le chef d’Etat tunisien, avait, fin mars 2022, annoncé la dissolution du Parlement pour préserver l’État.
“L’élection du président Kais Saied a suscité beaucoup d’espoir en Tunisie et malheureusement quelques mois après, nous constatons que nous sommes à la croisée des chemins avec la cristallisation et la centralisation du pouvoir au sein de l’exécutif, avec la fin de tous les principes démocratiques sacrés, liés à la répartition du pouvoir entre le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Donc autant de questions qui suscitent aujourd’hui que l’appareil démocratique tunisien est en situation d’insécurité. On peut déjà comprendre l’interpellation faite par les services d’état concernant la sécurité physique et l’intégrité du président.”
Aboudramane COULIBALY, Analyste politique
Traitant de tentative de coup d’Etat, l’adoption par le parlement, en séance plénière virtuelle, d’une loi annulant les mesures d’exception prises le 25 juillet 2021, le président Saied mettait en garde contre les tentatives du parlement gelé, de se réunir. Un coup de force qui fait traverser au pays une crise politique, plongeant plusieurs partis politiques dans des actes et plans visant à porter atteinte à la vie de l’autorité, selon le ministère de l’Intérieur.
“On peut déjà comprendre quelles seront les marges de manœuvre du président actuellement et quelles sont ses chances de pouvoir pérenniser un pouvoir aujourd’hui mené de manière solitaire malgré que constitutionnellement, aujourd’hui il bénéficie des prérogatives exceptionnelles en tant que président de la République. Donc voilà autant de questions que suscite aujourd’hui le chemin emprunté par cette jeune démocratie maghrébine au regard aujourd’hui des principes et des valeurs incarnées par la Déclaration des droits de l’homme de 1948 qui constitue l’architecture fondamentale des régimes démocratiques dans le monde.”
Aboudramane COULIBALY, Analyste politique
Pour le département sécuritaire de la Tunisie, les enquêtes sont toujours en cours pour faire la lumière sur la situation qui prévaut. Rappelons que ces menaces interviennent dans un contexte marqué par l’organisation, programmée le 25 juillet, du référendum visant à approuver le projet de nouvelle Constitution de la Tunisie.