D’après l’Agence internationale de l’Énergie, près de 600 millions de personnes sur le continent africain n’ont toujours pas accès à l’électricité et près d’un milliard, comptent sur les biocarburants traditionnels pour la cuisson. Selon les experts, l’Afrique, avec ses vastes forêts séquestrant le carbone et ses ressources mûres pour la croissance verte, dispose d’un potentiel énorme pour favoriser l’accès à l’énergie propre pour des millions de personnes. Sidi Ould Tah, le nouveau président de la Banque Africaine de Développement estime que le développement du continent passera par l’industrialisation, laquelle doit passer l’électrification de l’ensemble de son territoire.
Sur la dernière décennie, la Banque Africaine de Développement s’est engagée à fournir un accès direct à l’électricité à plus de 28 millions de personnes et a aidé le continent à accroître sa capacité électrique installée de 12 000 mégawatts supplémentaires. L’initiative « Mission 300 », lancée par le Groupe de la Banque africaine de développement et le Groupe de la Banque mondiale, en collaboration avec d’autres partenaires au développement pour raccorder 300 millions de personnes en Afrique à l’électricité d’ici 2030. Une initiative sur laquelle Sidi Ould Tah pourra capitaliser lors de son mandat pour électrifier l’ensemble de l’Afrique.
Nous savons que même avec nos meilleures intentions, la Banque mondiale, la BAD et même nos partenaires ne seront jamais en mesure de mobiliser les ressources nécessaires à cet effort particulier. Pour vous donner une idée, bien que je doive sauter le pas sur les quelques mix énergétiques que nous avons développés, nous avons réalisé ou calculé qu’il faudrait environ 126 milliards de dollars pour pouvoir mettre en œuvre ces projets comparables à ceux qui seront mis en œuvre plus tard.
Kevin Kariuki, Vice-président pour l’électricité et l’énergie, BAD
Les pays africains ont pris des engagements pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour ce faire, ils devront se déplacer vers les énergies renouvelables et arrêter l’exploitation minière. Cependant, l’ Agence internationale de l’énergie indique que les énergies renouvelables ne fournissent actuellement que 24,1% de l’électricité de l’Afrique, dont 76% proviennent de l’hydroélectricité, une source de plus en plus affectée par le changement climatique.
La Mission 300 est une très bonne initiative qui va combler le déficit d’électricité en permettant à 300 millions de personnes supplémentaires d’avoir accès à l’électricité. Nos enfants pourront conserver leurs vaccins au frais. Nos femmes pourront accoucher dans la dignité. Nous aurons accès à des soins médicaux de manière digne en Afrique. Mais nous devons voir si nous pouvons intégrer un pilier d’adaptation dans cette Mission 300 afin d’atteindre le seuil nécessaire de 50 % d’adaptation et 50 % d’atténuation de déficit. Il est plus facile de financer l’atténuation, mais il est préférable de financer l’adaptation.
John Kioli, Président, Groupe de travail sur les changements climatiques au Kenya
Selon la feuille de route de la BAD, la “Mission 300” comprendra de solides mesures de responsabilisation, notamment des systèmes de suivi et d’évaluation propres à chaque pays et un indice de réglementation de l’énergie en Afrique, pour suivre les progrès accomplis conformément aux objectifs de développement durable des Nations Unies et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine.



