Face à la persistance de la fièvre de Lassa en Afrique de l’Ouest, les regards se tournent vers des solutions complémentaires. À la 2ᵉ Conférence internationale de la CEDEAO sur cette maladie, la médecine traditionnelle s’impose comme un allié stratégique. Des exemples concrets issus du Nigeria et de la Sierra Leone montrent son efficacité. Une coopération entre savoirs ancestraux et médecine moderne prend forme.
En Afrique de l’Ouest, la médecine traditionnelle continue de jouer un rôle incontournable, en particulier dans les zones rurales où près de 80 % de la population y ont recours. Cette réalité a été mise en lumière lors de la deuxième Conférence internationale de la CEDEAO sur la fièvre de Lassa à Abidjan, qui a souligné l’importance d’intégrer ces pratiques aux systèmes de santé modernes. Des études récentes confirment l’efficacité de certaines plantes médicinales : au Nigeria, par exemple, le Vernonia amygdalina a permis de réduire les symptômes de la fièvre de Lassa chez 30 % des patients, une maladie qui touche entre 100 000 et 300 000 personnes chaque année.
“ Depuis la nuit des temps, les praticiens de la médecine traditionnelle prennent en charge les cas de fièvre et d’autres maladies. Dès lors qu’il s’agit d’une fièvre hémorragique, leur savoir peut contribuer à améliorer la santé des populations et à mieux gérer ce type de situations. ”
MAMADOU OUATTARA, Médecin traditionnelle – Côte d’Ivoire
Dans cette région, l’intégration des tradipraticiens au dispositif sanitaire national s’est révélée précieuse. Au Nigeria et en Sierra Leone, leur collaboration a permis de détecter jusqu’à 15 % de cas supplémentaires de fièvre de Lassa en phase précoce, favorisant une riposte rapide et un engagement fort des communautés. Forte de ces résultats, l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé a lancé un programme pilote visant à former ces acteurs traditionnels, tout en associant leurs savoirs aux protocoles biomédicaux. L’objectif affiché : réduire de 10 % la mortalité liée à cette maladie dans les zones concernées.
“Dans le cadre de la lutte contre cette maladie, la médecine traditionnelle peut également apporter sa contribution. De nombreuses plantes ont été présentées, ainsi que des cas traités qui démontrent que certaines familles de plantes permettent de réduire les hémorragies chez les patients atteints. Ce que nous souhaitons avant tout, c’est apporter davantage de clarté autour de la médecine traditionnelle, car elle recèle encore beaucoup de savoirs à révéler. ”
DR. LAURENT AHOLOFON ASSOGBA, Consultant international pour l’Ooas – Bénin
La deuxième conférence internationale de la CEDEAO sur la fièvre de Lassa ambitionne désormais de formaliser un cadre régional de coopération. Ce dispositif valorisera la médecine traditionnelle comme un levier stratégique dans la lutte contre la fièvre de Lassa et d’autres maladies infectieuses émergentes. En combinant savoirs ancestraux et avancées biomédicales, la région ouest-africaine espère ainsi renforcer la résilience de ses populations face aux défis sanitaires actuels et futurs.



