Dans un contexte de transition post-crise, le Tchad recompose les fondations de son régime. L’Assemblée nationale a voté une réforme le 15 septembre qui redessine les équilibres du pouvoir exécutif. Ce changement, défendu par la majorité présidentielle, suscite de vives critiques au sein de l’opposition. Une étape décisive pour l’avenir institutionnel du pays.
Dans le souci d’une bonne consolidation gouvernementale et d’une meilleure coordination des institutions, l’Assemblée nationale tchadienne a adopté, le 15 septembre 2025, une réforme constitutionnelle majeure. Cette réforme prolonge le mandat présidentiel de cinq à sept ans, le rendant renouvelable sans limite, et celui des députés de cinq à six ans, tout en créant un poste de vice-Premier ministre. Ce changement intervient dans un contexte de transition politique sous la présidence de Mahamat Idriss Déby Itno, avec pour objectif d’assurer une plus grande stabilité et souplesse institutionnelle.
Nous avons estimé que le programme politique du chef de l’État, décliné en douze chantiers répartis en cent actions, est un programme très ambitieux. C’est pourquoi nous avons jugé que cinq ans ne suffiraient pas pour permettre au chef de l’État de le réaliser pleinement au bénéfice de la population.
TCHOROMA HADJI WOLI MAHAMAT, Député
Le projet, porté par le parti majoritaire MPS, a été adopté par 171 voix pour, une contre, tandis que plusieurs députés de l’opposition ont boycotté ou quitté la séance, dénonçant un verrouillage du processus et une concentration du pouvoir. Le président de l’Assemblée a insisté sur le fait que ce vote n’était qu’une étape avant un examen final en Congrès prévu pour octobre 2025.
Par le passé, l’article 77 interdisait au chef de l’État d’exercer des fonctions politiques, notamment celle de diriger son parti. Nous avons estimé que cette disposition était injuste et devait être révisée. Désormais, le chef de l’État pourra pleinement assumer son rôle à la tête de son parti, comme tout autre leader politique.
TCHOROMA HADJI WOLI MAHAMAT, Député
Le président Mahamat Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 2021, voit ainsi son mandat renforcé, pouvant théoriquement se maintenir au pouvoir sur une période plus longue. Cette réforme intervient dans un contexte de transition politique fragile, où la majorité cherche à stabiliser et légitimer son autorité, malgré les critiques sur le risque d’autoritarisme et le débat sur l’avenir démocratique du Tchad.



