Pour faire face au déficit d’électricité et à la nécessité d’un mix énergétique plus propre et plus stable, l’Afrique du Sud relance massivement son programme nucléaire. Du réacteur historique de Koeberg aux futurs 2 500 mégawatts attendus, l’Afrique du Sud veut non seulement produire plus d’électricité, mais aussi reconstruire toute une industrie stratégique. Une nouvelle ère énergétique, ambitieuse et très surveillée.
L’Afrique du Sud engage un tournant décisif dans son histoire énergétique. Après plus d’une décennie marquée par les “load-shedding”, les délestages et l’effondrement progressif de sa capacité de production, le gouvernement a choisi de remettre le nucléaire au centre de sa stratégie nationale. Une décision assumée : elle repose sur trois piliers, sécurité énergétique, industrialisation et transition bas-carbone.Premier geste fort : l’extension de 20 ans de la licence d’exploitation du réacteur de Koeberg. Avec ses deux unités prolongées jusqu’en 2045, la centrale continuera de fournir 1 860 MW de puissance de base, indispensable à la stabilité du réseau. Mais la véritable rupture, c’est le lancement d’un appel d’offres national pour 2 500 MW de nouvelle capacité nucléaire.
Pour pouvoir mettre fin à cette licence, nous devions nous assurer de nous aligner également sur ce que nous appelons les normes internationales et à long terme pour l’exploitation nucléaire. Que requièrent elles ? La première exigence est qu’il doit y avoir une inspection complète de la sécurité et une évaluation de la conformité, ainsi qu’une modernisation des équipements de surveillance des systèmes de sécurité et des infrastructures.
Kgosientsho Ramokgopa , Ministre de l’Électricité
Dans le nouveau Plan intégré des ressources (IRP 2025), le gouvernement prévoit d’ajouter 5 200 MW supplémentaires d’ici 2039. Le pays voit désormais le nucléaire comme l’un des piliers de sa transition énergétique, aux côtés du solaire, de l’éolien et, dans une moindre mesure, du gaz. En parallèle, Eskom et le gouvernement relancent le champ de la recherche nucléaire, avec des projets de réacteurs modulaires (SMR), dont un démonstrateur de 100 MW attendu sur un site charbonnier décommissionné. Le programme PBMR, autrefois abandonné, est remis en mouvement. Objectif : redevenir un acteur de l’innovation nucléaire et ne plus se limiter au rôle de simple client technologique.
Le nucléaire exige des exigences de sécurité très rigoureuses, il est donc important que, lorsque l’on entre dans le prochain cycle de vie de cette centrale, nous mettions également à niveau notre système de sécurité ainsi que les équipements de surveillance.
Kgosientsho Ramokgopa , Ministre de l’Électricité
Le nucléaire coûte cher : des dizaines de milliards de dollars seront nécessaires pour atteindre les objectifs annoncés. Selon les experts, Il faudra également renforcer la filière expertise, ingénieurs, techniciens, chercheurs dont une partie s’est dispersée au fil des années. Et enfin, un point crucial : l’adhésion du public, dans un pays où chaque projet énergétique majeur soulève des débats, des inquiétudes, et parfois des recours juridiques. Avec ce retour massif au nucléaire, l’Afrique du Sud assume une vision à long terme : stabiliser son réseau électrique, préparer la transition énergétique et rebâtir une industrie stratégique.



