Au Sénégal, au Nigeria et en Afrique du Sud entre autres, une enquête dénonce un double standard et une surdose en sucre préjudiciable pour les consommateurs infantiles des produits Nestle. Ces derniers seraient beaucoup plus sucrés en Afrique (4 grammes ajoutés) que sur les marchés occidentaux, fait révélé par l’association suisse Public Eye et le Réseau international d’action pour l’alimentation infantile (Ibfan). Rappelons qu’en janvier 2024, un rapport confidentiel alertait sur la pollution des eaux du groupe Nestlé, malgré leur filtration illicite révélée.
La multinationale agroalimentaire Nestlé est plongée dans une controverse concernant les produits infantiles en Afrique. Selon une enquête de l’ONG suisse Public Eye publiée mi-avril 2024, le géant de l’alimentation traiterait les bébés différemment dans les pays émergents en commercialisant des produits avec du sucre ajouté. En Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, ces produits contiennent un surdosage de sucre, allant à l’encontre des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Face à ces allégations, Nestlé affirme respecter les réglementations locales et internationales en matière de nutrition et de bien-être.
“Au Sénégal comme partout dans le monde, nous n’ajoutons pas de sucres aux laits pour nourrissons destinés aux enfants de 0 à 12 mois. Au Sénégal et dans toute l’Afrique Centrale et de l’Ouest, tous nos laits de croissance (de 12 à 36 mois) sont sans sucre ajouté, à l’exception de NIDO 1+ auquel nous ajoutons du miel, dans le respect des réglementations locales et internationales les plus strictes.”
NESTLÉ , Communiqué – Suisse
Les documents publiés par l’ONG Public Eye et le Réseau international d’action pour l’alimentation infantile, révèle que sur une estimation de 78 produits de la marque Cerelac écoulés dans les pays du Sud, 75 contenaient du sucre ajouté, soit près de 4 grammes par portion en moyenne, soit environ un carré de sucre, alors qu’elles sont destinées aux bébés dès six mois. Au Nigeria, ce sucre grimpe à 6,8 grammes et au Sénégal à 5,9 grammes pour la même bouillie, alors qu’en Europe ces mêmes produits sont commercialisés sans sucre.
“Ce que les autorités doivent faire face à cela, c’est de faire respecter la réglementation. La réglementation sénégalaise dit qu’en l’absence de réglementation au niveau du Sénégal, c’est la réglementation du pays exportateur qui est appliquée. Aujourd’hui tout le monde sait que l’Organisation Mondiale de la Santé demande aux Etats de ne pas ajouter du sucre dans les produits laitiers destinés aux enfants de moins de six mois jusqu’à 3 ans d’ailleurs. En tout cas à moins de six mois, il est recommandé de n’utiliser que le lait maternel”
Momar NDAO, Président de l’Association des consommateurs – Sénégal
“En de pareilles situations, ce sont des alertes que nous avons, la première des choses que nous faisons c’est de vérifier la véracité des propos, c’est en ce sens que nous avons ordonné qu’il y ait un prélèvement des produits qui sont amenés au niveau des laboratoires afin de vérifier est-ce qu’il y a réellement la présence des produits indiqués, à savoir la présence du sucre. Si c’est avéré il faudrait qu’on vérifie avec nos collègues de la santé est-ce que c’est un produit qui a un effet négatif sur les populations enfantines. C’est dans ce sens qu’il faut voir les choses, ce n’est pas la présence du sucre qui constitue un problème mais est-ce que cela a un effet sur la santé de la population ou pas.”
Cheikh Ahmadou Bamba NDAO, Directeur du Commerce Intérieur – Sénégal
Nestlé, contrôlant avec ses produits Cerelac et Nido 20% du marché des préparations pour bébés, a obtenu en 2022, un chiffre d’affaires de près d’un milliard d’euros. En janvier 2024, la firme était impliquée dans un scandale d’eau contaminée. Une série d’accusations qui vient mettre en doute le respect des normes chez Nestlé, société cotée en Suisse desservant 189 pays et disposant de 354 usines dans 79 pays.