Selon un rapport publié vendredi 16 février 2024 par la Banque africaine de développement (BAD), l’accumulation de la dette a un impact significatif sur les économies africaines en réduisant la marge de manœuvre budgétaire des gouvernements. En 2024, l’Afrique va consacrer environ 74 milliards de dollars aux dépenses liées au service de sa dette. Des dépenses massives qui ne manqueraient pas d’entraver les investissements nécessaires dans des domaines cruciaux au profit des populations africaines.
Alors que la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel du continent africain devrait s’établir en moyenne à 3,8 % en 2024 et 4,2 % en 2025 selon la Banque africaine de développement (BAD), la dette croissante pourrait entraver les perspectives de croissance à long terme. En 2024, l’Afrique se retrouve face à un fardeau financier considérable, car il est estimé qu’elle devrait allouer environ 74 milliards de dollars à la gestion de sa dette. En outre, 40 milliards de dollars, soit 54 % du service total de la dette africaine en 2024, sont dus à des créanciers privés.
“ Les économies africaines ne sont pas plombées par la dette. Elles sont plutôt étouffées par le service de la dette. Ceci vient du fait que l’endettement était fait sur des bases très spéculatives qui rendent le service de la dette difficile parce que les économies africaines n’ont pas développé autant de ressources pour être capable de faire face de façon équitable à l’endettement.”
Honoré Justin MONDOMOBE, Expert en Intelligence économique, Cameroun
La BAD indique que les dépenses considérables du service de la dette absorbent une part significative des budgets alloués à des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et l’infrastructure. Entre 2010 et 2019, les dépenses publiques moyennes dans l’éducation et la santé en Afrique étaient respectivement de 3,6% du PIB et 1,8%. Des niveaux bien en dessous de la moyenne mondiale et des objectifs de l’Union africaine.
“ Les économies dans le cadre de l’union africaine devraient non seulement négocier un rééchelonnement, mais négocier aussi des moratoires qui pourraient être greffés sur des opérations commerciales. Sinon demander des économies de de payer 74 milliards, c’est sacrifier des écoles, des centre de santé, des routes et toutes autres infrastructures inhérente au développement fondamental.”
Honoré Justin MONDOMOBE, Expert en Intelligence économique, Cameroun
Des réformes structurelles, une gestion fiscale responsable et des initiatives de refinancement de la dette sont essentielles pour libérer l’espace budgétaire nécessaire à des investissements productifs sur le continent, selon les institutions financières africaines.