90% des acteurs de la sous-région qui évoluent dans le secteur du capital investissement ont domicilié leur société de gestion et leurs fonds hors de la zone communautaire ou dans des centres offshore. Du 31 mars au 1er avril 2022 à Dakar, des régulateurs du secteur financier africain ont discuté autour du cadre réglementaire pour relancer un véhicule de financement qui peut être bénéfique pour les Etats, le secteur privé, et les Petites et moyennes entreprises à la quête de ressources additionnelles.
Une évaluation faite à Dakar lors de l’atelier de validation des projets de textes sur le cadre réglementaire de l’industrie financière a révélé que 90% des acteurs de la sous-région opérant dans le secteur du capital investissement dans la zone de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) ont domicilié leur société de gestion et leurs fonds en dehors de la zone communautaire. A cet effet, les acteurs entendent relancer la stratégie de financement au profit des Etats, du secteur privé et des petites et moyennes entreprises.
» Il faut déjà comprendre que deux raisons peuvent justifier aujourd’hui, l’externalisation des opérations de ces sociétés d’investissement évidemment à l’étranger, principalement pour des raisons fiscales. Nous avons une pression fiscale élevée dans notre zone, même si la directive de l’UEMOA est presque inférieure à 17% du PIB. La deuxième raison est que ces sociétés d’investissement s’installent à l’étranger pour pouvoir lever des capitaux dans des volumes très importants.
Aboudramane COULIBALY – Économiste, Mali
Selon les acteurs, le cadre réglementaire de l’industrie financière ne permet pas le développement économique de la zone ouest-africaine, même si le private equity se positionne comme un procédé utilisé depuis 30 ans en Afrique et qui complète le système de financement existant. Face au problème de financement, il est indispensable de faire évoluer le cadre réglementaire en privilégiant l’investissement local pour assurer une meilleure croissance économique.
» La plupart des flux d’investissement que nous constatons lorsque nous regardons le tableau des émissions obligataires de ces dix dernières années, proviennent essentiellement des Africains résidant dans la zone CEMAC, voire de l’Afrique australe en tant que telle. Le risque politique reste très élevé en raison de l’instabilité politique et sécuritaire dans notre zone ouest-africaine, donc ce sont autant de raisons juxtaposées les unes aux autres, qui peuvent justifier aujourd’hui, la délocalisation de ces entités sur des plateformes internationales afin de mobiliser des investissements plus attractifs à des taux d’intérêt raisonnables « .
Aboudramane COULIBALY – Économiste, Mali
Pour le développement de l’industrie du capital investissement dans la zone UMOA, les acteurs réclament des exonérations de TVA pour les activités de gestion afin de rendre le secteur attractif. Cependant, selon les responsables des organisations communautaires, cette application serait difficile dans la mesure où le déficit budgétaire au niveau de l’UMOA est estimé à 5%.