Porto-Novo, capitale politique du Bénin, a prêté son boulevard lagunaire à une scène rare, dense et habitée. Le 3 août, dans le cadre de la deuxième édition du Festival international des masques, plusieurs couvents Vodun ont convergé pour une procession mêlant tradition, performance et résonance contemporaine. Pensé comme un rendez-vous majeur de l’agenda culturel béninois, l’événement ambitionne de faire dialoguer spiritualité vivante, tourisme culturel et transmission intergénérationnelle. Sur les places symboliques de la ville, les masques n’ont pas simplement défilé. Ils ont dit, dansé, invoqué.
Les Egungun, Zangbéto, Gounouko et Guèlèdè sont des masques qui matérialisent le monde spirituel qui, à travers leurs costumes faits de fibres et de tissus, incarnent l’invisible et préservent la mémoire collective. Plus de 150 Egungun étaient présents, dans un décor scénographié, sous les regards du Président Patrice Talon, de membres du gouvernement, de diplomates et de visiteurs venus de plusieurs continents, dont de nombreux afro-descendants en quête de racines partagées.Le moment fort du festival reste la grande procession, point d’orgue de deux jours d’effervescence spirituelle et artistique.
“Plus on avance, plus on se rend compte que le développement s’ancre dans la culture. Ce festival, c’est aussi une démonstration de savoir-faire. Il y a un travail discret, en coulisses, qu’on ne voit pas toujours mais qui mérite d’être reconnu et renforcé.”
Jean-Christophe Toudonou, Ingénieur agroéconomiste – Spectateur – Bénin
Parmi les invités d’honneur, les masques ivoiriens Zaouli et Goli ont livré des performances remarquées. Le groupe Zaouli Arc En Ciel de Koumassi, composé de dix danseurs et percussionnistes, a présenté la célèbre danse de réjouissance, empreinte de codes visuels précis et codifiés.
“Le Zaouli ne danse jamais sans ses instruments. Ce que vous voyez, qu’on appelle ‘vouinin’ en langue gouro, lui permet d’indiquer les rythmes et mouvements au groupe, même à distance. Chaque geste est un signal.”
OSKI KYLIAN, Porte-parole du groupe Zaouli Arc En Ciel – Côte d’Ivoire
Le Nigéria était également représenté avec la société de masque N’newi, connue pour ses performances muettes. Ces figures incarnent des esprits de la forêt, porteurs de protection, d’autorité et de cohésion communautaire. Lancée en 2024, la première édition du Festival avait attiré près de 40 000 visiteurs en trois jours, selon l’Institut national de la statistique et de la démographie (INStaD). L’édition 2025, tenue les 2 et 3 août, confirme l’intérêt croissant pour cette manifestation qui lie esthétique, croyance et politique culturelle



