Alors que l’Afrique regorge de ressources minières, nombre de pays peinent à en tirer pleinement profit en raison de signatures de contrats désavantageux par manque d’expertise. Pour corriger cette injustice, la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF), créée en 2010, appuie les États dans la négociation d’accords équitables. En 2025, l’institution appelle à un engagement renforcé de ses membres pour garantir sa pérennité.
L’Afrique, bien que riche en ressources minières, ne bénéficie que marginalement de leur exploitation. En République démocratique du Congo (RDC), par exemple, des contrats miniers sous-évalués ont entraîné une perte de 1,6 milliard de dollars entre 2010 et 2012, soit plus du double des budgets combinés de la santé et de l’éducation du pays. Cette situation résulte souvent d’une asymétrie d’expertise juridique entre les États africains et les multinationales, conduisant à des accords désavantageux.En marge des 60èmes Assemblées annuelles du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), l’ALSF appelle par ailleurs à un engagement accru des États membres pour renforcer son financement et assurer sa pérennité.
“ Nous sommes une organisation panafricaine entièrement dédiée aux pays africains qui sont nos bénéficiaires exclusifs. Nous travaillons pour eux, nous négocions pour eux, donc il nous semble normal. Mais il nous semble surtout vital à cette étape de l’existence de l’ALSF, de rallier le concours de nos pays membres en termes financiers, pour qu’il y ait une forme d’appropriation par les pays de cet instrument qui est le leur.”
OLIVIER POGNON, Directeur de l’ALSF – Benin
Pour remédier à ces déséquilibres, la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF) offre depuis 2010 aux gouvernements africains une assistance juridique pour la négociation de contrats complexes, notamment dans les secteurs des ressources naturelles et des infrastructures. L’institution comptabilise plus de 420 projets dans 50 pays soutenus, contribuant ainsi à des économies et recettes estimées à 15 milliards de dollars pour les États africains.
“Nous avons des pays avec des minerais, des pays avec des richesses naturelles qui n’arrivent toujours pas à traduire un moteur de développement seulement et la plupart du temps à cause du fait des contrats mal négociés. Et cela que nous trouvons en cette facilité juridique qui est là pour ça Et il faudrait que les pays africains s’en prévalent. ”
AKERE MUNA, Ambassadeur de bonne volonté – Cameroun
Malgré ses succès, la Facilité africaine de soutien juridique fait face à des défis, notamment financiers. Bien que la Facilité ait reçu environ 120 millions de dollars de contributions cumulées, la majorité provient de donateurs étrangers, avec peu de participation des États africains eux-mêmes. L’ALSF compte à ce jour 62 membres, dont 53 pays et 9 organisations internationales. Pour assurer sa pérennité et renforcer la souveraineté juridique du continent, il est crucial que les pays africains s’engagent davantage dans le financement et le soutien de cette initiative.