À Abidjan, le Salon international du contenu audiovisuel (SICA) révèle une Afrique créative et ambitieuse, bien décidée à raconter ses propres histoires. Face à une jeunesse avide de contenus qui lui ressemblent, des studios comme Orun Studios misent sur l’innovation, la formation et la richesse des récits africains pour bâtir une industrie de l’animation 3D résolument panafricaine et tournée vers l’avenir.
Le marché de l’animation 3D en Afrique est encore à ses débuts, mais il connaît une croissance remarquable. Selon l’UNESCO, moins de 1 % des contenus animés diffusés sur le continent sont produits localement, alors même que la demande explose, portée par une population jeune, près de 60 % des Africains ont moins de 25 ans. Pour inverser cette tendance et stimuler une production « made in Africa », de nombreuses initiatives voient le jour. Parmi elles, le Salon international du contenu audiovisuel (SICA, qui s’est ouvert le 26 juin 2025 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, sous le signe de l’innovation.
“L’Afrique a manqué trop de rendez vous, des rendez vous qui ont scellé son destin. Et aujourd’hui, on vit une révolution et donc qu’est ce qu’on décide d’écrire dans ce nouveau chapitre de l’Humanité ? Nous nous posons cette question, on a voulu répondre à cette question avec la jeunesse africaine.”
HABYBA THIERO, Présidente d’Orun Studios – Sénégal
Parmi les figures montantes du secteur, Orun Studios, start-up fondée en 2023, incarne cette nouvelle génération de créateurs africains. Son ambition : hisser l’Afrique au rang d’acteur mondial de l’animation à travers des productions valorisant les récits, les héros et les cultures du continent. Au-delà de la production de films et de contenus immersifs, Orun mise sur la formation : plus de 10 000 jeunes Africains devraient être formés aux métiers du numérique d’ici 2030. Une stratégie pensée pour faire émerger des talents et renforcer la place des voix africaines dans l’industrie mondiale de l’animation.
“…nous avons voulu connecter le passé, le présent et le futur. Parce que pour nous, sans mémoire, il n’y a pas d’avenir. ”
HABYBA THIERO, Présidente d’Orun Studios – Sénégal
Partout, sur le continent, des initiatives similaires émergent. Du Cameroun, avec le studio Kiro’o Games, au Ghana, avec le programme Koliko Training, une nouvelle génération d’acteurs s’empare des outils numériques pour raconter le continent autrement. Studios, incubateurs, programmes de formation : un tissu dynamique se met en place, mêlant technologies de pointe et héritage oral. Au-delà des retombées économiques, cette dynamique contribue à une forme de souveraineté culturelle. L’Afrique n’est plus seulement spectatrice. Elle devient créatrice, prescriptrice, et bientôt incontournable sur la scène mondiale de l’animation 3D, rivalisant sur la scène internationale tout en restant fidèle aux réalités africaines.