À l’Hôtel 2 Février, à Lomé, la capitale togolaise, s’est tenu l’un des débats les plus attendus du Lomé Peace and Security Forum (LPSF) 2025 : celui consacré à la région des Grands Lacs.Un sujet brûlant, à la croisée de l’histoire, de la géopolitique et de l’économie.Trente ans après les premiers accords de paix, la question n’est plus seulement celle du cessez-le-feu, mais celle de la reconstruction des États et de la gouvernance des ressources. Et Lomé s’impose, doucement mais sûrement, comme un lieu où l’Afrique pense désormais sa sécurité autrement.
Depuis les années 1990, la région des Grands Lacs de la RDC au Rwanda, du Burundi à l’Ouganda demeure prisonnière d’un cycle de crises récurrentes. Les causes sont identifiées : rivalités ethniques instrumentalisées, exploitation confuse des ressources naturelles, frontières poreuses et influences extérieures persistantes. Mais à Lomé, les experts du Forum Paix et Sécurité intervenant à l’ocassion de la deuxième édition ont pointé un mal plus profond : la fatigue d’un modèle de paix importé, souvent éloigné des réalités locales et incapable de générer une stabilité durable.
Comment assurer la paix et la sécurité ? La meilleure façon de faire cela, c’est de créer des opportunités pour tous pour que les gens bénéficient des minéraux du pays ou de la région.
Wamkele Mene, Secrétaire général de la ZLECAf – Afrique du Sud
Signé en 2013, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba portait l’espoir d’un tournant historique pour l’Est de la RDC. Douze ans plus tard, le constat est sans détour : des promesses restées lettres mortes, une application inégale et une confiance régionale toujours vacillante. D’où l’appel réitéré des experts à refonder la diplomatie de la paix sur des bases africaines, réalistes et durables.
ces populations des Grands Lacs qui aspirent légitimement à vivre en paix ont montré à ma reprise leur capacité à se relever, à dialoguer, à se reconstruire. Notre devoir collectif est donc de soutenir les populations, de pousser davantage les hommes politiques à prendre leurs responsabilités.
Huang Xia, Envoyé Spécial de l’ONU pour la région des Grands Lacs – Chine
Au terme des échanges, un constat s’impose : la paix ne se décrète pas, elle se construit pas à pas, au croisement de l’économie, de la gouvernance et de la sécurité. De Lomé monte un appel à relancer l’Accord d’Addis-Abeba, à lier sécurité, gouvernance et économie. Selon de nombreux experts, la stabilité passera par des emplois, des frontières coopérantes et des États de confiance, portés par leurs femmes et leur jeunesse.



