Bénin : du théâtre scolaire à la caméra engagée : le parcours d’Oncle Bazar

Sans formation académique mais riche d’une expérience forgée sur les planches et sur le terrain, Jean-Paul Amousou, alias Oncle Bazar, est devenu l’un des visages emblématiques du cinéma béninois. Comédien, réalisateur et conteur populaire, il mêle humour et engagement pour aborder les réalités sociales de son pays. Avec plus de trente films à son actif, une série télévisée en préparation et des documentaires en chantier, il incarne une génération d’artistes qui croient au pouvoir du cinéma africain, malgré les difficultés persistantes du secteur au Bénin.

Autodidacte passionné, Jean-Paul Amousou, alias Oncle Bazar, s’est forgé une place singulière dans le paysage cinématographique béninois. Dès l’enfance, il foule les planches scolaires et remporte ses premiers prix, révélant un talent brut que Justin Avolonto puis le Professeur Momby contribueront à affiner. À travers un style empreint d’humour et de réalisme, il s’empare de thèmes universels tels que la solidarité, les relations humaines, ou encore la résilience face à la méchanceté, qu’il aborde avec une rare sincérité. Son cinéma, sans fioritures, s’adresse avant tout aux familles et s’inscrit dans une démarche d’éducation populaire.

On pourrait même offrir un ministère au cinéma. Le cinéma est l’ambassade du Bénin, au fait. Le cinéma est la vitrine du Bénin. Par le cinéma, on peut connaître le Bénin, on peut découvrir le Bénin. Le grand tourisme, c’est le cinéma Béninois.”

Oncle Bazar , Cinéaste Bénin

Mais derrière le sourire et la légèreté de ses comédies, se cache une réalité plus rude : celle d’un cinéma béninois en quête de moyens et de reconnaissance. Confronté à un manque chronique de financements et à l’absence d’infrastructures adaptées, Oncle Bazar poursuit pourtant son œuvre avec ténacité. Parmi ses réalisations marquantes, la comédie musicale Petit Pipi se distingue par sa portée environnementale. En 2003, son parcours est salué par l’ancien président Mathieu Kérékou, qui le nomme chevalier de l’Ordre national – une distinction rare pour un artiste du secteur.

J’ai rencontré le général Mathieu Kérékou pour la première fois et il m’a dit, voilà, vous, après avoir passé votre temps à la télévision et à la radio nous critiquer, aujourd’hui, vous êtes venu nous voir, oui ou non ? J’ai dit, mon général, je ne vous ai jamais critiqué. Taisez-vous, taisez-vous, regardez, vous êtes venu nous voir la barbe non peignée pour nous dire quoi ? On nous a dit que vous faites rire. Faites-nous rire ! ”

Oncle Bazar , Cinéaste Bénin

Avec plus de trente films à son actif, dont Djibiti (2007) et Houédjizo (2008), Oncle Bazar continue de porter haut les couleurs du cinéma béninois. Né en Côte d’Ivoire, formé partiellement à New York grâce à une bourse, il multiplie aujourd’hui les projets : la série télévisée Bazar Taxi (52 épisodes), des documentaires comme Le serment de la noire, autant d’initiatives qui témoignent de sa volonté d’ancrer le Bénin au cœur de son œuvre. Il en appelle désormais aux autorités pour un soutien plus structuré, indispensable à l’essor du 7ᵉ art national.

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