À mi-chemin entre l’atelier et la galerie, l’exposition « Ici et Tailleurs » propose un regard singulier sur la mode contemporaine, du 25 juin au 26 juillet 2025 à Cotonou. Dans l’espace de la Galerie de l’Institut français, les créateurs béninois ne défilent pas, ils créent en direct. Sous les yeux du public, des silhouettes prennent forme, au fil d’un dialogue brut entre tissu, trait et territoire.
Au cœur de cette exposition vivante, un nom ressort: Ezéchiel Messou. Né en 1971 à Ganvié, il apprend le métier de réparateur de machines à coudre à Lagos, au Nigéria. De retour au Bénin, il s’installe à Abomey-Calavi, où il combine dessin et mécanique. Avant chaque réparation, Ezéchiel dessine méticuleusement les pièces mécaniques. Très vite, ses carnets deviennent des œuvres à part entière. Repéré par Lucienne Peiry, alors directrice de la Collection de l’Art Brut de Lausanne, son travail entre dans les plus grandes collections internationales, en France, au Portugal et ailleurs. Son outil de prédilection : mine graphite et stylo bille sur papier monocolore, auxquels il ajoute des touches de couleur.
On doit du respect au talent des tailleurs. Ce sont eux qui donnent vie à nos tissus, qui les transforment en tenues uniques. Grâce à eux, on porte des créations originales. Un homme, tout seul, ne peut ni couper le tissu, ni le coudre, ni le porter directement. C’est le génie des tailleurs qui nous rend beaux, élégants. J’apprécie beaucoup les mannequins exposés ici. Tout cela donne son sens au nom de l’exposition “Ici et Tailleurs”. D’ailleurs, sans nous, les réparateurs, les tailleurs ne pourraient pas finaliser leur travail. Et sans les tailleurs, personne ne porterait de vêtements chics.
HOUNDJI Ezéchiel Messou, Maître Machiniste – Artiste dessinateur
L’exposition réunit également six jeunes stylistes béninois, dont Julien Pichichi, passionné de haute couture et diplômé en stylisme. Admirateur du travail d’Ezekiel Messou, il participe à cette résidence-performance en créant sa collection sur place, dans l’attente du défilé final prévu le 26 juillet 2025.
J’aime bien ce qu’il a représenté ce tableau et quant à nous, les jeunes créateurs de mode, on est là pour créer des vêtements, créer une collection pour le défilé qui va se tenir le 26 juillet 2025. D’abord de un la reconnaissance et après la visibilité et plein d’autres choses.
Julien Pichichi, Couturier, créateur de mode
L’exposition « Ici et Tailleurs » rend hommage à un savoir-faire populaire souvent oublié, en donnant à voir l’intimité du geste créatif. C’est un atelier ouvert, une performance textile en temps réel. Une manière de faire dialoguer l’art brut et la mode contemporaine, à l’image d’une nouvelle génération de stylistes béninois ancrés, décomplexés et en création permanente.
