Sur les rives du lac Nokoué, à Ganvié, une coopérative de femmes transforme un fléau écologique en opportunité économique. Sous l’impulsion de Sandra Idossou, militante écologiste et entrepreneure sociale, ces artisanes redonnent une seconde vie à la jacinthe d’eau, envahissante et nuisible. Dans son espace Kouleurs d’Afrik, elle expose leurs créations : objets d’art, tapis et emballages biodégradables. Une initiative qui conjugue engagement environnemental et savoir-faire local.
Devant sa galerie Kouleurs d’Afrik, Sandra Idossou admire l’ingéniosité des artisanes avec qui elle collabore depuis quatre ans. Parmi elles, les femmes de la coopérative Togblé Tognon de Ganvié, dirigées par Agnès Akakpo, ont fait d’un fléau écologique une solution durable. Leur matière première : la jacinthe d’eau. Envahissante, cette plante aquatique menace l’équilibre du lac Nokoué, surtout entre septembre et janvier. Plutôt que de la subir, elles la transforment en un matériau polyvalent, donnant naissance à des paniers, des objets décoratifs, des sacs et des emballages biodégradables. Un travail méticuleux qui requiert du temps, du savoir-faire et des outils adaptés.
“Ici, par exemple, c’est un panier. Nous avons mis un peu de couleur, mais nous pouvons changer de couleur ici. C’est de sous-tasses que nous avons créées avec elle par exemple. Donc tout ça, ce sont des idées que nous voyons ici, c’est des coffrets ou de grands pour beaucoup de produits. Et tout ça, c’est à base de jacinthes d’eau, le cache pot.”
Sandra Idossou, Militante écologiste et promotrice de Kouleurs d’Afrik – Bénin
À Ganvié, chaque tige de JACINTHE SÉCHÉE se transforme en un outil d’expression et d’émancipation. Mais les obstacles sont nombreux. Le séchage de la matière première reste tributaire des aléas du climat : une averse imprévue, et des jours de travail s’évanouissent en un instant.
« Sandra vient avec des idées les plus foles et on réalise plusieurs prototypages et à la fin elle trouve des produits qu’on peut vendre. Quand on sèche les tiges de la jacinthe d’eau et que la pluie tombe, cela annule nos efforts. Nous avons besoin de séchoir électrique pour sécher la matière première et gagner en temps. ça nous permettra d’avoir l’harmonie de formes des tiges séchées de la jacinthe d’eau.”Agnès Akakpo, Présidente de la coopérative Togblé Tognon – Bénin
Derrière leur engagement, une revendication claire, un soutien technique et financier pour développer cette filière verte. Un accès à des infrastructures de séchage et des machines adaptées permettrait de répondre à la demande locale et touristique. Dans la cité lacustre de Ganvié, l’écologie se tisse entre tradition et innovation. Ces artisanes tissent bien plus que des paniers ou des coffrets. Chaque création devient un geste de résistance, une réponse concrète aux défis environnementaux.
