À quelques mois de la présidentielle, Patrice Talon assume ses choix et maintient fermement le cap des réformes. Le chef de l’État rejette toute remise en cause du code électoral et accuse son prédécesseur Boni Yayi d’avoir nourri la crise politique de 2019. Il revendique une volonté de consolider des partis durables et d’instaurer une démocratie de coalition où la compétition n’exclut pas la coopération. Face à une opposition jugée trop systématique, le président appelle à une nouvelle culture du consensus et de la responsabilité politique.
À six mois d’un triple scrutin présidentiel, législatif et communal , le Bénin s’avance vers une séquence politique charnière. Dans un contexte de tensions préélectorales, le président Patrice Talon a accordé un entretien exclusif mardi 04 novembre 2025 pour défendre la cohérence de ses réformes et prôner une gouvernance politique plus ouverte. L’entretien, mené depuis le palais de la Marina, intervient alors que plusieurs partis d’opposition, dont “Les Démocrates” présidé par son prédécesseur Thomas Boni Yayi, dénoncent un système électoral trop restrictif. Le chef de l’État, lui, revendique une logique assumée, celle d’un système partisan rationalisé, conçu selon lui pour sortir le pays de “ la pagaille politique d’avant 2016 “.
Je dois vous avouer que la situation dans laquelle se trouve la dynamique électorale ne m’enchante pas du tout. Elle porte préjudice à l’image de notre pays. Mais pour autant, il n’y a pas lieu d’indexer la réforme du système partisan, encore moins le code électoral.
PATRICE TALON, Président de la République
Depuis 2016, Patrice Talon a engagé une série de réformes institutionnelles d’ampleur : refonte du système partisan, rationalisation du financement public des partis et projet de création d’un Sénat pour renforcer la stabilité institutionnelle. Des mesures saluées par ses partisans comme un rempart contre la fragmentation politique, mais dénoncées par ses adversaires comme un verrouillage du jeu électoral. Le président se défend d’agir par calcul. Dans un ton plus introspectif qu’à l’accoutumée, il admet les divisions suscitées par sa gouvernance tout en appelant à une maturité politique collective.
On peut aller en compétition, mais on peut travailler ensemble et le monde va ici. Donc il est plus convenable qu’un seul camp dise qu’il détient la vérité et qu’il s’impose aux autres. Il faut mettre les vérités ensemble pour construire un pays
PATRICE TALON, Président de la République
Derrière cette déclaration, se dessine une philosophie politique, celle d’un dialogue comme moteur de gouvernance, dans un pays encore marqué par les fractures des scrutins de 2019. À l’approche de 2026, cette main tendue pourrait redéfinir le jeu politique béninois ou, à l’inverse, raviver la méfiance d’une opposition soupçonnant une recomposition sous contrôle. Pour l’heure, Patrice Talon assume le risque du débat et parie sur la pédagogie institutionnelle. Un pari audacieux, à l’heure où le Bénin s’apprête à tester la solidité de ses réformes face au verdict des urnes. Le duo porté par la mouvance présidentielle est Romuald Wadagni, candidat à la présidence, avec Mariam Chabi Talata comme colistière.



