Au Bénin, l’espace culturel Le Centre accueille une exposition singulière jusqu’au 31 octobre 2025. Deux artistes, Charly d’Almeida et Mélinda Fourn-Houngbo, y montrent le processus de transformation des objets du quotidien en œuvres d’art. Pour donner vie à ce projet, ils ont invité une centaine d’enfants à participer, avec un mot d’ordre : créer à partir de presque rien.
Dans l’une des salles de l’espace culturel le Centre à Lobozounkpa, les toiles de Charly d’Almeida frappent par leur force visuelle. Le peintre et sculpteur Charly travaille avec des arêtes de poisson qu’il trace comme un langage visuel. Pour lui, ces formes racontent à la fois la mémoire des disparus, la force de la communauté et la résilience qui caractérise son parcours dans le domaine de l’art contemporain. Son geste artistique ne s’arrête pas à la toile : il a animé un atelier où une centaine d’enfants ont contribué à une toile collective.
J’ai eu l’occasion de travailler avec les enfants, mais ici, ils étaient une centaine parce que, et quand je parcourais les tables, j’ai vu des touches qui vont parler. On dirait des touches d’adultes comme ça. Parce que cet enfant a quelque chose en lui qui est levé. Mais c’est pas progressivement. On verra. Je suis persuadé que dans ce lot là, dans dix ans, à quinze ans, on me dira où je serai. Je ne sais pas que parmi ces enfants, il y a un ou deux. Je suis persuadé.
CHARLY D’ALMEIDA , Artiste sculpteur, plasticien
Face à lui, Mélinda Fourn-Houngbo explore d’autres matières. Inspirée par ses visites au petit musée de la Récade, l’artiste visuelle assemble les spatules en bois, le métal, le bois et l’écriture. Elle a conçu avec les enfants plusieurs installations dont des bassines usées garnies de sachets d’eau, de fil de pêche et de tissus récupérés, ainsi qu’un rideau composé de bambou et de graines de palmiste.
Et même les restes, dans notre cas, c’est le fait de se dire que des matériaux qui sont insignifiants, qui sont considérés comme des rebuts, peuvent être placés sur un piédestal et peuvent être totalement transformés, métamorphosés et finalement raconter quelque chose. La solution qui se trouve derrière est composée principalement de sachets d’eau. C’est tout un processus que les enfants ont pu voir. C’était l’idée de remplir des sachets comme on avait l’habitude de le faire, de les recouvrir de colle et de papier journal et de venir y apposer des coupons de tissu qui ont été récupérés. Le choix du tissu, c’était pour moi une manière de leur montrer qu’on pouvait colorer quelque chose sans forcément utiliser de la peinture.
MELINDA FOURN-HOUNGBO , Artiste visuelle
Pour les deux artistes, ce qu’on appelle des déchets peut devenir un souvenir précieux. Une arête de poisson peut devenir un symbole, un sachet plastique une création collective. Selon eux, chaque objet a une histoire et l’art peut lui donner une nouvelle vie. Avec les enfants, ils transmettent cette leçon simple et puissante , créer, c’est aussi réinventer ce que d’autres abandonnent.



