Agé de 74 ans, le président du Manidem, Anicet Ekane, s’est éteint à Yaoundé le 1er décembre 2025 alors qu’il était incarcéré. Nationaliste et panafricaniste, Anicet Ekane avait consacré sa vie à défendre les plus vulnérables. Le gouvernement annonce l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances de sa mort, tandis que la classe politique camerounaise pleure une figure emblématique de l’opposition.
Au Cameroun, la scène politique est en deuil. L’opposant Anicet Ekane, président du Manidem, est décédé ce lundi 1er décembre à Yaoundé, à l’âge de 74 ans. Il était détenu depuis 48 jours au Secrétariat d’État à la Défense. Arrêté dans le contexte de la crise post-électorale, Anicet Ekane voyait sa santé se dégrader rapidement selon ses proches. Le Manidem affirme avoir alerté les autorités, sans obtenir de transfert médical.
Nous avons appris tôt ce matin que le président était décédé. Le président Ekane avait été interpellé il y a quarante-huit jours et conduit au centre de détention du Secrétariat d’État à la Défense, à Yaoundé. Son état de santé ne cessait de se dégrader. Nous avions alerté ses geôliers afin que Anicet soit transféré dans une structure médicale appropriée. Malgré ces démarches, nos appels sont restés vains
Valentin DONGMO, Vice-président du Manidem – Cameroun
Figure du nationalisme camerounais, intellectuel rigoureux, Anicet Ekane laisse l’image d’un militant constant. À Douala comme dans plusieurs milieux politiques, l’émotion est vive.
C’est quelqu’un qui aimait profondément le Cameroun. C’était un véritable nationaliste, un panafricaniste, qui s’est battu pour le retour du multipartisme. Et chaque fois que l’opposition se levait, Anicet était là.
Carlos Ngoualem, Cadre du Front des Citoyens pour le Changement (FCC) – Cameroun
« C’est une immense tristesse. C’était un grand homme, un combattant. Il nous disait toujours de tenir bon, qu’un jour les choses allaient changer. Nous l’avons accompagné dans ses luttes. Les conditions dans lesquelles il nous quitte aujourd’hui, nous les déplorons profondément.
Vincent Roger Ekane, Neveu du défunt – Cameroun
En 2025, Anicet Ekane avait offert son investiture au Pr. Maurice Kamto avant l’invalidation par Elecam et le conseil constitutionnel , puis avait rejoint la plateforme Union pour le Changement autour du candidat Issa Tchiroma, arrivé deuxième à la présidentielle du 12 octobre.
Interpellé le 24 octobre à Douala puis transféré à Yaoundé, il était détenu au Secrétariat d’Etat à la défense ‘Sed’. Le ministère de la Défense affirme dans un communiqué qu’une enquête a été ouverte, et que l’opposant était suivi par le corps médical militaire, en collaboration avec ses médecins personnels.
“Une enquête a été ouverte pour établir avec précision les circonstances du décès. Elle fera l’objet d’un traitement légal rigoureux.”
Communiqué, Ministère de la Défense
Né en 1951 à Douala, ancien militant de l’Union nationale des étudiants du Kamerun (Unek) dans les années 1970, avant d’adhérer à l’UPC (Union des populations du Cameroun) en 1973 , Anicet Ekane avait fondé le Manidem en 1995. Parti au sein duquel le choc est immense. Pour son parti, il représentait la mémoire et la ligne idéologique d’une gauche alternative camerounaise. Sa disparition laisse un vide dans l’opposition et dans le paysage intellectuel du pays.
