Cameroun : l’État prend 95% de la société Eneo

L’État camerounais franchit une étape majeure dans la maîtrise de son secteur électrique. Pour un montant de 78 milliards FCFA, il s’offre la majorité des parts d’Eneo, société mettant fin à la participation du fonds britannique Actis et assumant un rôle central dans l’avenir énergétique du pays.

Au Cameroun, l’État a repris le contrôle d’Eneo après la cession des 51 % détenus par le fonds britannique Actis, conclue le mercredi 19 novembre 2025 au ministère des Finances à Yaoundé, au terme de deux années de négociations. La signature, présidée par le ministre des Finances Louis Paul Motaze et celui de l’Eau et de l’Énergie Gaston Eloundou Essomba, en présence d’une délégation d’Actis et de Financia Capital, marque la fin anticipée d’une concession qui devait encore courir cinq ans. L’opération, évaluée à 78 milliards de FCFA, traduit la volonté du gouvernement de renforcer sa souveraineté énergétique tout en s’attaquant aux défis financiers du secteur, après un processus rendu complexe par le règlement préalable des arriérés et passifs de l’opérateur historique. Désormais, Eneo est détenue à 95 % par l’État, les 5 % restants revenant aux employés.

“Cette signature consacre la reprise du contrôle de la société de distribution de l’électricité. Quand il y a un problème, il faut faire un bon diagnostic et si on ne fait pas un bon diagnostic, on ne peut pas trouver la bonne thérapie. Alors, le bon diagnostic du secteur de l’électricité aujourd’hui est son déséquilibre financier. Et c’est l’épicentre de tous les problèmes qui sont soulevés par-ci et par-là. Et le gouvernement a mis en place, le gouvernement a conçu un plan de redressement prioritaire du secteur de l’électricité.avec comme axe central la recherche de l’équilibre financier du secteur de l’électricité.”

Gaston Eloundou Essomba, Ministre de l’Eau et de l’ÉnergieCameroun

Cette opération de nationalisation porte un objectif clair : renforcer la souveraineté énergétique du pays. Elle intervient dans un contexte où le Cameroun cherche à stabiliser un secteur marqué par des coupures récurrentes, un sous-investissement chronique. Face à ces défis, une série de réformes et de mesures d’urgence sont annoncées. Le gouvernement promet une nouvelle gouvernance, une meilleure maîtrise de l’énergie, ainsi qu’une restructuration profonde de l’opérateur. Des investissements sont également attendus dans la construction de nouvelles infrastructures de distribution et de transport, indispensables pour améliorer la qualité du service et répondre à la croissance de la demande nationale.

“Nous investissons et collaborons avec l’État du Cameroun et ENEO depuis dix ans. Nous avons constaté un certain nombre d’avancées majeures. Le nombre de branchements au Cameroun a augmenté de 250%, pour atteindre 2,2 millions de ménages. Et nous avons investi plus de 600 millions d’euros dans le réseau durant cette période.”

David Alderton , Directeur général du groupe ActisRoyaume – Uni

Selon les experts, ce rachat porte un double enjeu pour le Cameroun : sécuriser l’approvisionnement électrique tout en assumant un portefeuille de dettes particulièrement lourd. L’État devra désormais concilier la rentabilité d’Eneo avec l’exigence de continuité du service public, un défi majeur dans un contexte de fortes pressions financières et sociales. Financia Capital, chargée d’évaluer la valeur de l’action au cours du processus, a accompagné l’une des opérations stratégiques les plus significatives de l’économie camerounaise de ces dernières années.

“Il y aura plusieurs avantages, c’est que, un, le grand chantier, c’est le chantier de l’équilibre financier du secteur de l’électricité au Cameroun, qui est aujourd’hui à une situation où on a besoin de faire face à un changement d’équilibre financier du secteur de l’électricité. C’est-à-dire qu’on a besoin de faire face au déficit financier qu’il y a dans le secteur, mais ce déficit s’inscrit dans une période court-terme, c’est-à-dire que jusqu’à l’horizon 2026, 2027, 2028. Pourquoi est-ce que ce déficit, on anticipe qu’il va se résorber ? C’est parce qu’à partir de 2028, les investissements comme Nachtigal auront été entièrement distribués et monétisés chez les consommateurs.” 

Serge Yanic Nana, Président et CEO de FINANCIA CapitalCameroun

Dans un secteur où s’entremêlent les dettes croisées entre Eneo, Sonatrel, la SNH, EDC, Globeleq, Camwater ou encore Alucam, l’État affirme détenir une créance d’environ 328 milliards de FCFA sur l’opérateur à fin 2024. L’objectif désormais affiché est de résorber progressivement ce réseau complexe d’endettement tout en garantissant, à terme, un accès universel et fiable à l’énergie. Une étape décisive pour le Cameroun, qui entend ainsi reprendre en main un secteur vital pour son développement économique.

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