Les acteurs du domaine pharmaceutique au Gabon menacent d’aller en grève d’ici le 12 Novembre 2024 si les cumuls d’impayés ne sont pas réglés. La Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) ferait face à une dette de 3 milliards de FCFA plongeant les travailleurs dans une situation difficile. En 2020, les employés de Pharmagabon, entreprise spécialisée dans la distribution des médicaments pharmaceutiques ont lancé une grève d’avertissement d’une semaine pour manque de dialogue social et la non prise en compte du cahier de charges déposé sur la table de la Direction générale depuis plus d’un an.
Depuis quelques mois au Gabon, le secteur pharmaceutique est confronté à des impayés. D’ici le 12 novembre 2024 si rien n’est fait, les acteurs menacent de suspendre totalement leurs prestations aux assurés de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Ceci risquerait de plonger le pays dans une crise sanitaire car des millions de gabonais pourraient se retrouver privés d’accès aux médicaments.
“Pour moi, c’est plusieurs facteurs qui peuvent expliquer les impayés accumulés par la CNAMGS vis-à-vis des pharmacies. Il y a le déficit de financement et la priorisation budgétaire. Ça veut dire que les systèmes nationaux d’assurance maladie comme la CNAMGS opèrent souvent avec une contrainte budgétaire très rigide. Ensuite, il faut voir que les priorités peuvent être mal alignées par moment avec les urgences opérationnelles, surtout en période de tension économique. Donc ça peut créer un gouffre financier où les impayés seront différés et cela va mettre en danger la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique.”
Ouattara Corine Maurice , Experte en santé et E-santé – Côte d’Ivoire
Rappelons que le 25 octobre 2024 à travers un courrier officiel, les pharmaciens adressant un préavis à la CNAMGS, faisaient état d’un système sanitaire au bord de l’asphyxie. En effet, il s’agit de dettes de plus de 3 milliards de francs CFA d’impayés pour certaines officines. Outre le réseau pharmaceutique affecté, la situation pourrait même conduire à l’inactivité des structures prestataires, selon le Sypharga, Syndicat des pharmaciens du Gabon.
“Il y a aussi un autre point qui est la défaillance administrative et technologique. La gestion des fonds et des paiements nécessitent pour moi des infrastructures digitales robustes et un suivi très rigoureux. Si le système actuel manque de solutions numériques efficaces pour automatiser et centraliser le flux de paiements, cela va entraîner un retard et des erreurs de gestion. Donc pour moi, la digitalisation accrue du suivi des créances et remboursements pourrait grandement améliorer la transparence et la rapidité des transactions. Vous savez, si les pharmacies suspendent leurs services, l’impact sera immédiat et grave pour les patients les plus vulnérables, ce qui peut entraîner une hausse en cas de non-traitement des hospitalisations et même mieux, des décès.”
Ouattara Corine Maurice , Experte en santé et E-santé – Côte d’Ivoire
Selon plusieurs revendications, l’incapacité de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale à respecter toutes les modalités de règlement, convenues avec les prestataires, montre à suffisance qu’il est plus qu’urgent de revoir définitivement et durablement le fonctionnement de cette institution. Parallèlement selon les chiffres officiels, la mise en service de la CNAMGS a permis de réduire de près de 33% le nombre de ménages confrontés aux dépenses de santé qui sont passées de 5,67% à 3,83% depuis 2017.