Au camp de réfugiés de Kakuma, dans le nord du Kenya, l’arrêt de l’aide internationale en provenance des États-Unis bouleverse l’équilibre fragile des vies en exil. Entre diminution considérable des rations alimentaires, montée des violences, fermeture de services essentiels et décrochage scolaire massif, les conséquences sont déjà visibles sur le terrain. Le gouvernement kenyan essaie d’intervenir mais le fossé est trop grand pour être comblé par un seul pays selon les responsables de l’un des plus grands camps de réfugiés en Afrique.
Depuis l’annonce de la suspension d’une partie de l’aide américaine, les acteurs humanitaires et les résidents du camp de réfugiés de Kakuma au Nord du Kenya tirent la sonnette d’alarme. Le camp, qui accueille des centaines de milliers de réfugiés, dépendait fortement de ce soutien pour garantir l’accès à l’eau, à l’éducation, à la nourriture et à la sécurité. Aujourd’hui, les effets de cette décision se font sentir au quotidien.
La plupart des cas de vols signalés concernent des personnes qui ont reçu de la nourriture du Programme alimentaire mondial et que quelqu’un vient ensuite voler. Ou encore des personnes qui attrapent par force des téléphones portables des autres pour aller les vendre. Et puis dans des écoles, la plupart des salles de classe sont surchargées et donc, avec la baisse de financement, nous voyons beaucoup de problèmes qui se poseront à l’avenir.
Edwin ChaBALI, Manager du Camp de réfugiés de Kakuma
Selon le directeur du camp, les cas de violences domestiques et communautaires ont sensiblement augmenté ces derniers mois. Plusieurs ONG ont cessé leurs activités, notamment dans le domaine de l’éducation. À l’école Future Primary School dans le village 3 de Kalobeyei Settlement, plus de 400 élèves ont abandonné les cours depuis l’annonce du retrait de l’aide américaine. La directrice y voit un lien direct avec la dégradation des conditions de vie.
Nous poursuivons les recherches avec les enseignants et les comités des parents pour savoir ou sont ces apprenants, mais d’après ce que nous savons, ce gel de l’aide affecte la communauté parce qu’elle ne reçoit plus la quantité de nourriture qu’elle recevait du PAM et que la petite quantité qu’elle recevait pour subvenir aux besoins des familles a également été supprimée et du coup, c’est difficile pour les élèves.
Notre organisation s’occupe de la plantation d’arbres et d’autres activités environnementales, mais nous avions des organisations partenaires soutenues par l’USAID et le HCR qui s’occupaient du traitement de l’eau par exemple, mais à cause de ces réductions de financement, ce soutien leur est désormais retiré. Les réductions de financement auront en fait un impact énorme sur les réfugiés et la communauté d’accueil, car la majorité des organisations avec lesquelles nous travaillons en partenariat réduisent leur personnel et leurs activités.
Elizabeth MUKAMI, Directrice de Future Primary School
Alors que les besoins restent immenses, le désengagement de certains bailleurs met en péril les acquis humanitaires de ces dernières années. Pour les réfugiés de Kakuma, l’avenir semble plus incertain que jamais. Sans soutien international, ce sont les plus vulnérables à savoir les enfants, les femmes, les personnes âgées qui paient déjà le prix fort. Pour rappel, le camp de Kakuma accueille plus de 304 milles réfugiés qui viennent de 23 pays différents dont la majorité des sud-soudanais.