Le Kenya a lancé le 31 juillet 2024 sa première obligation conforme à la charia, sous le nom de Linzi Sukuk. Cette obligation, d’une valeur de 3 milliards de KSh, est destinée à financer le développement de 3 069 unités de logement abordable. L’obligation a été lancée par le président Ruto en personne sur la plateforme de titres non cotés (USP) de la Bourse de Nairobi (NSE).
La Bourse de Nairobi (NSC) a officiellement inauguré l’obligation Linzi Sukuk dans sa plate-forme de titres non cotés le 31 juillet 2024. L’obligation Linzi Sukuk est le premier actif financier islamique et conforme à la charia côté à la bourse. Un pas jugé significatif dans un contexte où le Kenya cherche à résoudre la crise du logement. En effet, selon le président William Ruto, cette obligation d’un montant de 3 milliards de shillings devrait permettre le financement de 3 069 unités de logement abordable sur l’ensemble du territoire.
«Nous utilisons des fonds privés pour fournir des logements publics. C’est le modèle qui permettra d’obtenir plus de ressources que ce que le gouvernement peut faire. Si nous voulons fournir le même produit en utilisant un prêt, cela nous coûterait 22 %, alors que nous l’obtenons pour la moitié de ce montant. Donc, s’il y a quelque chose à faire dans le domaine de l’innovation, c’est bien cela.»
William Ruto, Président de la République – Kenya
En mai 2023, l’obligation Linzi Sukuk a été lancée pour la première fois, devant l’objectif de 3 milliards de KSh sur 15 ans. En septembre 2023, l’Autorité des marchés de capitaux a approuvé l’émission de l’obligation Sukuk par Linzi Finco Trust. Le Kenya a amorcé sa marche vers ce mode de financement en 2016 en promulguant la loi sur l’octroi des licences et la réglementation des activités d’assurance islamique.
«La structuration prend en fait un peu de temps pour que des produits comme celui-ci arrivent sur le marché. Mais ce que nous constatons aujourd’hui, c’est qu’il n’y a plus d’intérêt de la part des propriétaires de capitaux, ainsi que des propriétaires de projets potentiels, pour venir sur le marché par l’intermédiaire de la NSC.»
Frank Mwiti, Directeur général du NSC – Kenya
Selon la Banque mondiale, en Afrique, les obligations islamiques ont commencé à capter l’attention des Etats depuis près d’une décennie. Au total, neuf pays du continent ont déjà émis 773 sukuks. Il s’agit de la Gambie, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Soudan, le Togo, le Mali, le Maroc et désormais le Kenya. Cependant, le continent n’a jusqu’ici mobilisé que 5,52 milliards de dollars grâce à l’émission de sukuks souverains, soit 0,7% seulement du montant global des sukuks en circulation à l’échelle mondiale, selon le rapport « Quelques sukuks souverains en Afrique » publié en mai 2024 par le cabinet indépendant Abbas Chérif.