Au cœur du pays Dogon, au Mali, le masque Kanaga demeure l’un des symboles les plus puissants d’un patrimoine culturel transmis de génération en génération. Bien plus qu’un simple objet rituel, il incarne l’essence même de l’identité dogon, reliant le visible et l’invisible, le passé et l’avenir. Alors que l’insécurité et la modernité menacent la préservation de cette tradition, les gardiens du savoir redoublent d’efforts pour en assurer la pérennité.
Depuis des siècles, les Dogon rendent hommage à leurs ancêtres à travers la danse des masques, un rituel d’une richesse spirituelle et artistique inégalée. Parmi ces symboles, le masque Kanaga, reconnaissable à ses bras croisés, symbolise l’interconnexion entre le ciel et la terre, entre les hommes et les divinités. Utilisé lors des cérémonies funéraires du dama, il joue un rôle fondamental dans l’accompagnement des âmes vers l’au-delà.
“ Les masques, de façon générale, occupent une place de choix dans le patrimoine culturel Dogon. En parlant spécifiquement du masque Kanaga, comme on l’a dit tout de suite, quand vous prenez le masque Kanaga, il y a deux bras qui sont en direction du ciel, donc qui montent effectivement vers le ciel. Et il y a deux bras qui font en tout cas qui sont en direction de la terre. C’est un peu l’union entre le ciel et la terre. Donc, quand nous essayons de prendre la même chose dans la vie courante, c’est un peu l’union entre les différentes cultures et c’est un symbole de paix également. Ça sert à unir deux choses qui sont peut être opposées. “
Souleymane Issa Coulibaly, Directeur régional de la culture de Bandiagara – Mali
Bien au-delà des cérémonies rituelles, le Kanaga s’invite aujourd’hui sur les grandes scènes culturelles du monde, où il incarne un puissant symbole de l’identité dogon. Dans un contexte de crises sécuritaires et de mutations sociales, il devient aussi un étendard de résistance culturelle, un rappel constant des racines et de la mémoire collective d’un peuple.
“ Nous assurons la relève. Nous avons initié certains jeunes que vous avez vu tout de suite. Nous tournons ensemble que ça soit à l’intérieur du Mali ou même à l’extérieur du Mali. Ce n’est pas seulement au Mali que nous faisons des prestations et généralement, nous sommes même sollicités à l’extérieur. ”
Moussa Saye, Responsable de la Société des masques de Tireli – Mali
Aujourd’hui, le masque Kanaga continue d’émerveiller et de rassembler. Il est le témoin vivant d’un passé millénaire et la preuve qu’une culture, aussi ancienne soit-elle, peut traverser le temps sans se dissoudre. Face aux défis contemporains, la transmission de cet héritage devient un enjeu important pour la préservation de l’âme Dogon.
