Joudour Sahara est un programme musical marocain associé à la fondation américaine Playing For Change, structure qui fédère 37 initiatives dans le monde, dont 7 sur le continent africain. L’ambition est directe : générer un impact positif par la musique et créer des passerelles entre les artistes d’Afrique. Le programme collabore également avec Arterial Network pour renforcer un réseau de coopération artistique capable de durer.
À Rabat, la scène de Visa For Music 2025 a offert un moment suspendu lorsque l’orchestre de Joudour Sahara a laissé résonner les sonorités de la vallée du Drâa. Une musique tenue à bout de bras par des femmes, des hommes et une jeunesse qui refuse que ce patrimoine se dilue. Le programme s’impose désormais comme une vigie culturelle, travaillant à préserver les fondements musicaux du sud marocain tout en préparant la relève.
“ A Joudour Saraha on travaille sur deux aspects la préservation du patrimoine immatériel de la Vallée du Drâa, qui est représentée par cinq styles musicaux traditionnels. Il y a les chants amazighs, les chants arabes, les chants subsahariens et les oasiens , les chants des oasiens et aussi des anciens esclaves et chaque type. Chaque communauté a son propre style, ses traditions, ses paroles et sa façon de jouer.“
HALIM SBAI, Directeur du programme Joudour Sahara musique – Maroc
La jeunesse du sud marocain s’inspire largement du Desert Blues, porté par Tinariwen, Ali Farka Touré et les figures sahéliennes qui ont marqué le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest. Sur le terrain, les groupes naviguent entre guitare, basse, percussions et chants séculaires, un mélange qui crée des ponts naturels entre les traditions du Maroc, du Mali, de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye. Au cœur de ce langage musical, la Tidinit souvent surnommée le petit guembri occupe une place clé. Cet instrument à cordes circule depuis des générations au nord du Mali, en Mauritanie, dans certaines pratiques Guenaua ou encore dans la danse Takamba. Léger, mobile, précis, il offre une sonorité nette même sans amplification. C’est l’un des marqueurs sonores du Drâa, où chaque communauté a façonné son propre registre au fil du temps.
“ C’est un instrument qui est partagé par toutes ces communautés du Sahara, parce que ce n’est pas trop trop lourd. C’est facile à transporter et ça donne une sonorité sans sens, sans sonorisation.“
HALIM SBAI, Directeur du programme Joudour Sahara musique – Maroc
La prestation de l’orchestre Joudour Sahara à Visa For Music 2025 a rappelé l’urgence de protéger ce capital immatériel tout en montrant la maturité artistique des jeunes de la région, capables d’occuper une scène internationale sans artifice. La plateforme Zaman, active tout au long de l’année, accompagne cette dynamique. Parmi les projets structurants figure “Sur les traces des origines – Gospel & Gnawa”, une initiative qui explore les racines communes de ces deux expressions musicales. Une résidence aura lieu du 17 au 24 avril 2026 avec Emmanuel Pidjot, Majid Bekkas et des musiciens de Zagora et Drâa-Tafilalet. Les jeunes artistes bénéficient par ailleurs d’un encadrement continu qui leur permet d’avancer avec des bases solides et une vision ouverte sur l’avenir.



