La Banque centrale du Nigeria a récemment annoncé son intention de résorber ses arriérés de paiement de devises, pour des contrats de change à terme, en investissant près de 2 milliards USD. Cette action est essentielle pour renforcer la stabilité économique du pays. En plus de restaurer la confiance des investisseurs, cela favorisera une augmentation des réserves de change du Nigeria selon les autorités bancaires du Nigeria.
Le Nigeria, première économie d’Afrique, souffre depuis plusieurs années de déséquilibres économiques qui ont entravé son développement. La chute des prix du pétrole, principale source de revenus du pays, combinée à une inflation accrue, a accentué les pressions sur le marché des changes et créé des arriérés dans le règlement des contrats de change à terme. Consciente des enjeux économiques et financiers auxquels fait face le Nigeria, la Banque centrale a consenti un investissement massif de près de 2 milliards de dollars au cours des trois derniers mois de l’année 2024 pour résorber ces arriérés.
“ Le déficit monétaire au niveau de la balance des paiements par rapport aux encours de dollars américains constaté au niveau de la banque centrale du Nigeria pourrait être justifié pour plusieurs raisons: des raisons d’ordre endogènes et exogènes. Au plan endogène, on peut citer la baisse du cours du baril du pétrole. Sur le plan exogène, la crise énergétique en Ukraine a créé une crise énergétique énorme au Nigéria. Le Nigéria est également confronté à une inflation galopante. Au-delà de ces faits, il y a la corruption au sein même de cette banque centrale.”
Aboudramane COULIBALY, Analyste économique
Fin décembre 2023, les réserves de change du Nigeria ont atteint leur plus bas niveau en six ans, à 32,87 milliards USD en raison de la chute du naira. L’unité locale a perdu plus de 50 % de sa valeur en 2023, aggravé par la baisse de la production pétrolière. Ainsi, cette décision de la Banque centrale du Nigeria en plus de restaurer la stabilité économique et de réduire les pressions inflationnistes, démontre la volonté de l’institution de soutenir la monnaie nationale le naira.
“ Il est donc, important pour le Nigeria de négocier les facilités de crédit auprès du fond monétaire international, pour pouvoir permettre à ce pays de rééquilibrer sa balance des paiements et pour pouvoir permettre à sa banque centrale d’être plus compétitive sur le marché international. Si rien n’est fait aujourd’hui, la première économie africaine serait impactée en matière d’importation. Et l’ effet de contamination est clair que le Nigeria étant la première économie africaine pourrait impacter les autres économies qui restent fortement liées à un terme de chaîne de valeur de compétitivité par rapport à cette croissance économique nigériane, qui est en berne depuis quelques années.”
Aboudramane COULIBALY, Analyste économique
Le Nigeria dispose de près de 7 milliards USD de contrats de change à terme arrivés à échéance. La résorption de cet arriéré serait une priorité pour le pays, mais la banque centrale nigériane n’a pas précisé le temps que cela prendrait pour trouver les dollars nécessaires au remboursement des investisseurs.