Dans leur vision de l’Afrique, plusieurs Etats voient encore l’Afrique comme “leur zone d’influence”, d’après le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Togolais de l’Extérieur, Robert Dussey. Le diplomate a saisi l’opportunité du débat général de la 77e assemblée générale des Nations Unies pour dénoncer l’instrumentalisation des Etats africains au profit des causes de quelques puissances, une situation qui ne correspond pas selon lui aux aspirations des nations en ce 21e siècle.
La condamnation de la Russie par l’Otan (alliance de pays d’Europe et d’Amérique du Nord) vis-à-vis des opérations militaires lancées en Ukraine et le désir de voir l’Afrique soutenir la position de l’Occident dans ce conflit; ou encore le soutien sollicité par la Russie, a mis en exergue une fois de plus les batailles d’influence entre les grandes puissances dans leurs relations avec les autres Etats. En Afrique, ces démarches ne sont plus au goût de certains dirigeants. A la tribune de la 77e assemblée générale des Nations unies, le Togo a profité de son tour de parole devant le rassemblement mondial des chefs d’Etats et de gouvernement pour dénoncer l’instrumentalisation de l’Afrique.
“Les pays africains ou l’Afrique en général ne veulent plus s’aligner sur les grandes puissances quelles qu’elles soient ». “Le rôle assigné à l’Afrique en ce 21ème siècle est évocateur de l’image qu’ont encore certaines puissances de notre continent : leur zone d’influence.” “Il y a un défi de changement de mentalité et de comportement chez nos partenaires qui viennent chacun, sans exception, en Afrique, avec des agendas avant tout dictés par leurs propres intérêts.”
Robert Dussey, Ministre des Affaires étrangères, Togo
A la création de l’Organisation des Nations Unies en 1945, 52 des 54 Etats africains reconnus à l’ONU n’étaient pas encore indépendants. Un consensus des chefs d’Etat africains s’est dégagé depuis plusieurs années auprès de l’Union africaine pour réclamer la présence d’au moins deux Etats africains parmi les membres permanents du Conseil de sécurité. L’Afrique a pour le moment deux places parmi les membres non permanents, le Conseil étant dirigé régulièrement par cinq Etats: la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie. Une situation délibérée selon le chef de la diplomatie togolaise.
“Les grandes puissances veulent réduire l’Afrique à une entité purement instrumentale au service de leurs causes et ne veulent visiblement pas que le continent puisse jouer un rôle important, voire un des rôles principaux dans le monde. Ils s’efforcent le plus souvent à amener les Africains à adhérer à leur « narratif » et, in fine, les Africains servent utilement à soutenir un camp contre un autre. Quand il s’agit de voter une résolution au Conseil de Sécurité, nous sommes activement sollicités d’un côté comme de l’autre. L’Afrique est alors très courtisée, voire même mise sous pression par certains de nos partenaires.” “Nos alliés ne peuvent pas à chaque fois attendre du soutien inconditionnel du continent. L’Afrique veut coopérer avec ses alliés sur la base de ses intérêts bien compris.”
Robert Dussey, Ministre des Affaires étrangères, Togo
Avec 18 % de la population mondiale et représentant 28% de l’ensemble des pays membres de l’ONU, l’Afrique, à travers ses dirigeants, continue de défendre une meilleure place du continent dans le concert des nations, les enjeux actuels comme les enjeux climatiques représentant des menaces mondiales.