Dans une ville meurtrie par les affrontements, le retour annoncé de Joseph Kabila n’est pas passé inaperçu. L’ancien président se serait rendu à Goma ce 18 avril, au cœur de la région de l’est de la République démocratique du Congo, actuellement sous contrôle du M23. Cette visite avait pour objectif: « d’ écouter la souffrance de la population »….Annonce qui a fait grincer des dents dans la capitale. A Kinshasa, le gouvernement qui dénonce un silence complice, a pointé du doigt l’attitude jugée ambiguë de Joseph Kabila, qui ne s’est jamais exprimé publiquement contre le groupe rebelle soutenu par le Rwanda.
Dès le lendemain de l’annonce de la présumée visite, le gouvernement congolais a pris une décision radicale : suspendre sur toute l’étendue du territoire les activités du PPRD, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, fondé par Joseph Kabila. Une décision inédite, justifiée par la “nécessité de préserver l’unité et la souveraineté du pays”. Le ministère de la Justice enfonce le clou : des poursuites sont désormais engagées contre l’ancien président, accusé de participation à l’agression du pays. Une procédure qui pourrait, à terme, déboucher sur des poursuites pour haute trahison.
Dans un pays encore marqué par son long règne, Joseph Kabila reste une figure clivante. Et son retour sur le devant de la scène, dans un contexte de guerre, vient raviver les clivages au sein de la classe politique congolaise. À quelques mois des élections provinciales et locales, le spectre Kabila semble bien loin d’avoir dit son dernier mot. Ce dernier annonce d’ailleurs un discours à la nation “pour fixer l’opinion”.