Au Rwanda, cela fait trois ans que le centre de transit de Gashora accueille des réfugiés et demandeurs d’asile africains qui étaient bloqués en Libye. Ils sont originaires de plusieurs pays africains, ils s’embarquent dans un périple très dangereux pour rejoindre l’Europe mais arrivés en Libye, ils passent des mois de maltraitance indicible selon leurs témoignages. Et lorsqu’en 2017 le monde découvre la triste réalité, le Rwanda se propose pour les accueillir, le temps que leurs demandes d’asile soient traitées. Le centre de transit qui les héberge a déjà accueilli plus de 1500 personnes jusqu’ici et le programme est renouvelé jusqu’en 2026.
Aux environs de 10h du matin, Mouhamad Abdlla s’exerce sur son clavier. La musique l’aide à passer les journées et c’est une sorte de thérapie pour lui. Cela fait 6 mois que Mouhamad est ici au centre de transit de Gashora, à plus de 60 kilomètres au sud de Kigali, la capitale du Rwanda, très loin de chez lui, au Soudan.
J’aime apprendre, non seulement le piano mais aussi les langues comme l’Anglais ou encore l’informatique. Comme c’est disponible ici, j’aimerais vraiment en profiter pour être compétent. A part que ça me garde occupé, j’aime apprendre de nouvelles choses qui je l’espère pourront m’aider plus tard.
Mouhamad Abdlla, Demandeur d’asile –Soudan
De l’espoir, ils en parlent tous ici au centre de transit. Un peu plus loin de la salle, les amis de Mouhamad jouent au ballon. C’est leur façon à eux aussi de meubler des longues journées après quelques séances d’apprentissage de l’anglais, de l’ordinateur ou encore les cours de conduite de voiture. Dans une autre salle, des femmes tricotent, pour non seulement passer du temps mais aussi comme source de petits revenus.
Ici, on se sent soutenu et en sécurité; ce qui est une bonne chose. On ne manque de rien et nous disons merci. Moi ce qui me manque et m’inquiète, c’est l’éducation de mes enfants mais ça aussi ça va aller, je l’espère.
Hawa CONDE, Réfugiée Guinée
En Février 2023, le centre de transit a bénéficié d’une prolongation d’aide financière qui va jusqu’en 2026 pour continuer ses activités. 22 millions d’euros qui vont aider le centre à continuer à soutenir des réfugiés africains en détresse, une belle solution africaine aux problèmes africains selon les officiels.
Le fait de pouvoir donner une autre possibilité de sécurité, c’est une bonne chose; car on peut faire mieux par rapport à la situation en Libye. Ils sont en détresse, d’autres en détention et d’autres qui viennent avec des traumatismes de tortures, de viols et donc sortir déjà de cet état est déjà une solution. Arriver ici et trouver un espace où la sécurité règne, je pense que c’est déjà un grand pas. Peut-être pas une solution finale, car ils ont besoin de reconstruire leurs vies, que ce soit au Rwanda ou dans un autre pays tiers, c’est très important pour nous. C’est une fois qu’on sera à cette étape là qu’on aura trouvé une solution durable.
Aïssatou Dieng-Ndiaye, Représentante du HCR pour le Rwanda
Depuis sa création il y a trois ans, le centre de transit a déjà accueilli plus de 1500 réfugiés. Plus de 900 d’entre eux ont déjà été réinstallés dans des pays tiers depuis le début du programme. S’ils ont également le choix de s’installer de façon permanente au Rwanda, aucun n’en a pour l’instant fait la demande.
